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L’agence de presse britannique Reuters a révélé dans une longue enquête reprise ce 8 décembre par Le Monde Afrique https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/12/08/au-nigeria-plus-de-10-000-anciennes-otages-de-boko-haram-victimes-d-avortements-forces-selon-reuters_6153486_3212.html?xtor=EPR-33280896-[afrique]-20221210-[zone_edito_1_titre_3]&M_BT=34845933607985

l’existence d’un programme secret de l’armée nigériane visant à  mettre fin, par des avortements forcés, aux grossesses des jeunes femmes  et anciennes otages, enlevées par Boko Haram (un  groupe djihadiste salafiste et terroriste). Des femmes et des jeunes  filles capturées par ces djihadistes dans les villages  nigérians (on se  souvient de l’attaque d’écoles de filles où elles étaient enlevées)  violées et mariées de force à leurs geôliers. « Depuis l’année 2013 au moins, l’armée nigériane conduit un programme d’avortement secret, systématique et illégal dans le nord-est du pays », affirme l’agence Reuters.  Selon les données récoltées par ses journalistes, au moins  10 000 anciennes otages de Boko Haram auraient subi ces avortements  forcés après avoir été secourues par les militaires nigérians. Une  opération à grande échelle, selon l’enquête, les documents et  témoignages recueillis étant validés par les forces de sécurité et les  personnels de santé ayant pratiqué ces avortements forcés si l’on en  croit les témoignages.  Ces avortements pratiqués dans des conditions  sordides, sans que ces femmes et souvent de très jeunes filles, soient  mises au courant, seraient responsables de la mort de plusieurs selon  des témoins.  Mais selon l’enquête de Reuters, si certains personnels de  santé nigérians ont estimé que ces avortements étaient nécessaires « pour sauver ces femmes de la stigmatisation après avoir donné naissance à un enfant de Boko Haram » les forces de sécurité ont fermement démenti : les journalistes sont accusés d’avoir monté une « fiction », « insulte aux Nigérians et à leur culture qui respecte leur vie ». Les  officiers nigérians invoquent un programme d’une telle ampleur que ces  avortements forcés n’auraient pu échapper aux responsables des affaires  humanitaires de l’ONU au Nigeria qui eux semblent se réfugier dans un  silence prudent ! Et le nord-est du Nigeria souffle de puis la mort  d ‘Abubkar Shekau, le chef historique de Boko Haram ui s’en prenait  violemment aux civils : « Les insurgés ne tuent plus comme  avant, les agriculteurs subissent moins d’attaques mais la situation  n’en est pas moins dramatique puis que 4,4 millions de personnes  souffrent de faim aiguë dans tout le nord-est du Nigeria. Et si les  autorités sont désireuses de pousser les civils réfugiés dans des camps à  reprendre le chemin de leurs champs et ainsi relancer l’économie, cette  décision pourrait mettre en danger une population vulnérable, déjà  menacée par l’insécurité alimentaire et qui subit depuis des années la  violence des islamistes qui terrorisent encore en silence les habitants  et la violence de l’armée nigériane, constatait la correspondante du Monde.  Le quotidien https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/14/nigeria-une-vingtaine-de-femmes-tuees-par-boko-haram_6149821_3210.html
a publié par ailleurs, le 14 novembre dernier, un article sur des  militants de Boko Haram  qui auraient tué  quatorze des quelque quarante  femmes arrêtées et accusées de sorcellerie dans le nord-est du Nigeria,  dans l’Etat de Borno. C’est le chef djihadiste qui a ordonné que ces  femmes soient abattues après qu’elles aient été accusées d’être  responsables de la mort de ses enfants. Une femme a pu s’échapper et  elle a appris que sa mère, deux tantes et neuf autres femmes avaient été  massacrées, toujours sur ordre du même chef djihadiste. Les accusations  de sorcellerie ne sont pas rares au Nigeria, malgré le conservatisme  religieux du pays, divisé entre un nord majoritairement musulman et un  sud majoritairement chrétien. Les forces de sécurité nigérianes semblent  démunies devant la violence de Boko Haram et l’on compte quelque 40 000  morts et 2 millions de déplacés depuis l’insurrection djihadiste de  2009.

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« Ma plume est comme l’aile d’un oiseau ; elle vous dira ces  pensées que nous n’avons pas le droit de penser, ces rêves que nous ne  sommes pas autorisés à rêver. »

Parfois, des voix de femmes afghanes s’élèvent des rues de Kaboul et  d’autres villes dans de petites manifestations bruyantes. Souvent, elles  résonnent dans les discours de femmes désormais lointaines, hors  d’Afghanistan. Mais la plupart du temps, leurs pensées ne sont exprimées  que silencieusement, dans des endroits sûrs. Ou bien elles bouillonnent  dans leurs têtes alors qu’elles tentent de concilier leur vie avec les  règles de plus en plus rigides du gouvernement taliban. Ces talibans qui  restreignent de plus en plus les vêtements que les femmes portent, où  elles travaillent, ce qu’elles peuvent faire ou non de leur vie.

Dans les mois qui ont précédé le retour des talibans, en août 2021,  18 écrivaines afghanes ont écrit des histoires fictives, tirées de vies  réelles, et publiées au début de cette année dans le livre, My Pen is the Wing of a Bird. Le site de BBC News https://www.bbc.com/news/world-63638876  , de la BBC, en publie des extraits. Pour que les voix de ces femmes ne  se perdent pas dans les ténèbres dans lesquelles des « fous de Dieu »  tentent de les étouffer.  Car de nombreuses femmes afghanes se sont  senties abandonnées par la communauté internationale. Alors, ces  écrivaines ont utilisé leurs stylos et leurs téléphones pour se  réconforter et réfléchir aux problèmes auxquels sont actuellement  confrontées des millions de femmes et de filles d’Afghanistan. Deux  écrivaines à Kaboul, sous les pseudonymes de Paranda et Sadaf, ont  partagé leurs pensées, écrites en secret.

‘Est-ce qu’une écharpe rose est un péché ?’

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« Aujourd’hui je me suis réveillée avec détermination. Quand  j’ai choisi mes vêtements, j’ai décidé de porter un foulard rose pour me  battre contre le foulard noir que je porte au quotidien… est-ce un  péché de porter un foulard rose ? », écrit

Paranda qui préfère porter du rose, pour se sentir féminine. Mais  ce que les femmes choisissent de porter est désormais un champ de  bataille. Des édits talibans stricts sur la pudeur sont appliqués,  souvent avec force. » Dans cette société traditionnelle, les  femmes afghanes ne se battent pas contre le voile – certaines veulent  juste avoir le droit de choisir. Vous le voyez dans les rues, dans les  espaces publics : une écharpe rose, une garniture étincelante, un peu de  lumière dans le noir. Les femmes afghanes ont mené la charge lors de  rares manifestations publiques. De petites foules courageuses sont  descendues dans les rues de Kaboul et d’autres villes en brandissant des  banderoles appelant à « du pain, du travail, de la liberté. »  Elles ont été dispersées par la force et certaines emprisonnées.  Certaines ont disparu en détention.  De l’autre côté de la frontière, en  Iran, ce sont aussi les femmes qui appellent au changement, aux cris de  « femmes, vie, liberté » et demande de mettre fin au  port obligatoire du hijab. Pour les Afghanes, c’est le droit des femmes  de travailler, des filles d’être éduquées. « Je saupoudre des  étincelles d’espoir à la surface de mon cœur… Il y a un feu en moi. Il y  a un esprit en moi qui me dit de me battre. Je dois espérer que ces  ténèbres seront changées en lumières. 

Les Afghans disent souvent que l’espoir est la dernière chose  à mourir. Ces dernières années, avant que les talibans ne prennent le  pouvoir, lorsque la violence quotidienne s’est intensifiée, certains ont  dit que l’espoir avait également été tué. Mais les gens qui ont vécu  tant de choses s’accrochent à l’espoir qui existe encore. »