PODCAST. Ecoutez "Au comptoir de l’info" avec Francis Letellier, présentateur de « Dimanche en politique » et de « Nous, les Européens ».
EPISODE 11. Présentateur sur France 3 depuis 30 ans, Francis Letellier revient sur la disparition du Soir 3 mais aussi sur ses origines sociales de fils d’agriculteurs.
Lorsque le Soir 3, le journal du soir sur France 3, s’est arrêté en août 2019, pour Francis Letellier qui le présentait depuis 13 ans – dont 10 années le week-end – cela a été un “tournant" dans sa vie professionnelle. Il regrette la disparition de ce rendez-vous d’information du soir qui existait depuis 41 ans. Francis Letellier estime d’ailleurs qu’il y a toujours un espace, vers 23 heures, pour une émission sur une chaîne généraliste de service public, “un rendez-vous où il y aurait plus de place pour Marcel Gaucher que pour Eric Zemmour".
« Certaines chaînes d’information continue sont des instruments de désordre »
Francis Letellier se montre très critique vis-à-vis des chaînes d’information continue, dont certaines sont même selon lui “des instruments de désordre". Il avoue qu’il ne les regarde presque plus, en raison des polémiques incessantes qu’elles contribuent à créer.
Le présentateur n’est pas beaucoup plus tendre vis-à-vis des journalistes politiques dont certains – même parmi la jeune génération - “ont un agenda". Ils ne sont pas encartés à un parti comme c’était le cas au temps de l’ORTF, mais clairement, “ils se mettent dans la roue de tel ou tel homme politique", sans le reconnaître publiquement, ce qui est “malhonnête".
« Je suis un privilégié »
Francis Letellier revient sur ses origines modestes de fils d’agriculteurs du Calvados, "bien en dessous de la classe moyenne en terme de revenus". Aujourd’hui, il estime qu’il est un privilégié sur le plan social. Mais que ses racines lui ont permis de bien mieux comprendre, par exemple, le phénomène des gilets jaunes. Là où certains journalistes ne voyaient que des gilets jaunes, lui dit qu’il reconnaissait le chauffeur routier ou l’assistance sociale parce qu’il les côtoie souvent.
Le présentateur dit par ailleurs détester le terme "invisibles" utilisé par les journalistes à propos de ces professions indispensables et mal payées mises en avant par la crise du coronavirus. "Ils ne sont invisibles que parce qu’on ne veut pas les voir" dénonce-t-il.
L’émission pour apprendre à connaître les Européens
Le présentateur de l’émission "Nous, les Européens" regrette que France 3 soit la seule chaîne de télévision généraliste à consacrer une émission à l’Europe. Il pense que les directions des chaînes font une confusion entre l’Union Européenne et l’Europe du quotidien. Et que c’est pour cela qu’une plus grande place n’est pas accordée en France à la couverture des faits européens. Ce qu’il regrette, car en mettant en avant ce qui fonctionne bien ailleurs en Europe, ce programme permet de mieux comprendre la culture de nos voisins..
A propos du podcast : "Au comptoir de l'info" est le premier podcast natif de France Télévisions. Sous forme d'interview journalistique, un acteur qui fabrique l'information télévisée du service public — un grand reporter, un cameraman, un présentateur — vient se livrer, raconter, dévoiler la manière dont il travaille. Dans une ambiance sonore de comptoir de café, il confie ses doutes, ses joies, mais aussi ses peurs lorsqu'il est sur le terrain ou en studio.
La série est réalisée par François Beaudonnet, éditorialiste sur franceinfo (canal 27), grand reporter à France 2 et chroniqueur dans l'émission "Nous, les Européens" sur France 3. Ancien correspondant à Rome et Bruxelles, il a débuté en radio où il présentait le journal de 13 heures sur France Inter.