PODCAST "Au comptoir de l’info", Stéphane Guillemot, journaliste reporter d’images (JRI). Lauréat en 2016 du prix Bayeux des correspondants de guerre.
SAISON 2 EPISODE 2 : Le journaliste, spécialiste de la couverture de conflits armés (Haut-Karabakh, Irak, Syrie) livre ses méthodes de travail sur les terrains dangereux. Il explique pourquoi il a choisi la caméra plutôt que le micro et ce faisant, en quoi le rôle « d’invisible » lui convient parfaitement.
"J’ai voulu devenir caméraman parce que j’ai toujours voulu être une petite souris qui va ensuite surprendre par ce qu’elle a vu". Stéphane Guillemot revendique son choix d’être derrière la caméra, en tant que journaliste reporter d’images (JRI). Il estime ainsi être un "témoin professionnel" qui s’interdit de donner son avis, en donnant la priorité absolue à l’image et à la force qu’elle dégage.
"Dans ce moment de panique, je laisse tourner la caméra"
Au cours de ses 15 années de carrière, le grand reporter s’est rendu dans de nombreux pays en guerre. Récemment, il a réalisé avec Maryse Burgot un reportage à Stepanakert (Haut-Karabakh) qui a marqué les esprits. Ils sont en train d’interviewer un habitant, lorsqu’un obus s’abat à quelques centaines de mètres d’eux. "Dans ce moment de panique, je laisse tourner la caméra" dit-il, et ils partent se réfugier dans une cave où ils vont rester quatre heures. Ce reportage est pour Stéphane Guillemot le reflet fidèle de ce qu’il a vécu et surtout du quotidien dramatique des habitants de la capitale du Haut-Karabakh.
Avec une famille qui tente de fuir Daech
Le reportage dont le cameraman garde le souvenir le plus fort est celui qu’il a tourné aux portes de Mossoul en 2006 et qui, avec Arnaud Comte, leur a valu le prix Bayeux des correspondants de guerre. Les deux journalistes racontent la fuite éperdue d’une famille dont le père et un fils ont été grièvement blessés par une mine déposée par les djihadistes de Daech. Là encore, Stéphane Guillemot n’avait pas prévu ce qui allait se passer devant l’objectif de sa caméra et dont il se rappelle avec émotion car cette famille aurait pu être "vous ou moi".