Description

Si vous descendez la table des matières d’un guide de Londres quel qu’il soit jusqu’à la lettre W, c’est le nom de Wren qui l’emporte largement. Christopher Wren, l‘un des grands hommes de l’histoire de l’Angleterre et du 17e siècle anglais. Très anglais, puisqu’il n’a quitté qu’une fois son pays pour se rendre à Paris, en 1665. A la veille du Grand Incendie, le 2 septembre 1666, qui ravagea la Cité de Londres, la ville intra-muros, y compris l’ancienne cathédrale gothique St Paul anéantie alors qu’elle était déjà en bien mauvais état et pour laquelle on avait demandé à l’architecte fameux, Christopher Wren, un projet de rénovation. Samuel Pepys, un savoureux chroniqueur de la vie quotidienne à Londres au 17e siècle, écrit dans son journal : « […] Tout était combustible, même les pierres des églises […] Les gens étaient comme fous. On n’essayait en aucune façon d’éteindre le feu. D’ailleurs les maisons sont très rapprochées [dans la City] et pleines de matières combustibles. A mesure que l’obscurité se faisait, surgissait au-dessus des clochers, entre les maisons et les églises, aussi loin que porte le regard de la colline sur la City, une horrible flamme maléfique, sanglante […] A cette vue j’éclatais en sanglots. » Il faudra attendre 10 ans et mille difficultés pour que la reconstruction de la City soit menée à son terme (boutiques, bâtiments publics, églises.) Et ces 51 églises de la City, dont Christopher Wren ébaucha le plan de la plupart d’entre elles, avec leurs clochers bien distincts les uns des autres. On peut les visiter encore aujourd’hui, participer à un culte anglican et énumérer les mieux conservées : St Bride, St Mary-le-Bow dont le clocher s’orne d’un terrible et beau dragon,  St-Stephen, St Clement Danes, ou encore la plus jolie et la plus rafinée à mon goût, St James, dans Piccadilly. Et combien d’enfants anglais se sont endormis en chantant : « Oranges and Lemons » une nursery-rhyme qui énumère des églises de la City ou proches https://www.youtube.com/watch?v=kOk4pKRT4E8

Le Grand Feu de 1666 aura été pour Christopher Wren la grande occasion de faire ses preuves de maître-architecte avec brio lorsqu’il sera nommé commissaire pour la reconstruction de la ville de Londres. Il redessine le plan de la ville entière avec de larges avenues mais se heurtera aux propriétaires de terrains qui feront échouer son plan. Dommage, Londres aurait pu être une ville harmonieuse, aérée, ce qu’elle n’est pas. Et Wren restera titulaire en même temps de sa chaire d’astronomie à Oxford !

Enfin, en 1669, Christopher Wren est nommé Surveyor of St-Paul’s Cathedral, par le roi mais il lui faudra batailler avec le Conseil de la cité de Londres, parce que son projet n’est pas assez majestueux, puis avec le clergé anglican parce qu’il est trop inspiré de l’architecture antique pour être une église chrétienne. La consécration de son talent. C’est son troisième projet plus classique qui sera accepté même s’il le modifiera tout au long des 35 ans que durera la construction de la cathédrale Saint-Paul, son chef d’œuvre, terminée en 1711, douze ans avant sa mort, le 5 mars 1723, il y a tout juste 300 ans.  Saint-Paul est considéré comme l’achèvement parfait du baroque anglais, un style considéré avec méfiance par l’Angleterre protestante et c’est un succès à mettre au crédit de Wren que d’avoir su convaincre un clergé anglican d’accepter une telle église baroque (le baroque anglais protestant, qui est bien différent du baroque italien ou autrichien catholique). Mais Wren est aussi professeur d’astronomie à Oxford et l’architecte de l’Observatoire royal de Greenwich, près de Londres et de bien d’autres réalisations en Angleterre comme l’Hôpital royal de Chelsea à Londres, le palais de Kensington à Londres encore En 1683, il est vénérable élu grand maître de la « Très ancienne et vénérable confrérie des Maçons libres et acceptés d'Angleterre ».  Enfin il sera membre du parlement. « Voilà un homme qui s’est intéressé à diverses sciences et a vécu dix vies alors qu’il aurait pu se complaire dans le domaine de la spéculation métaphysique pure, sa position sociale le libérant vraisemblablement des contingences matérielles. Il reste un modèle d’expérimentateur, de théoricien, de chercheur et de bâtisseur, dans un époque fertile en bouleversements politiques, philosophiques et scientifiques », relève l’article de Wikipedia qui lui est consacré. 

La cathédrale anglicane Saint Paul est son chef d’œuvre et son tombeau. » Son tombeau au sens réel du terme : il y est enterré dans l’aile sud du chœur où une inscription dit : « Toi qui lis cette inscription, si tu cherches son tombeau, regarde autour de toi ».

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