Il est d’usage, les deux termes étant très proches en anglais, d’opposer le cure, le soin technique, parfois désincarné, et le care, le fait de prendre soin, la sollicitude, tout ce qui n’est pas mesurable ni quantifiable.
L’éthique du care souhaite justement remédier à l’objectivation du corps des patients et à la rationalisation des soins auxquelles conduit inéluctablement la médecine technoscientifique. Il s’agit en somme de réparer l’humain, abîmé par une offre de soins qui vise surtout l’efficacité, sans grande considération pour la composante psychologique, pourtant essentielle. Le care court toutefois le risque d’être maternant et étouffant s’il est unilatéral. Une manière ajustée de prendre soin est de reconnaître l’interdépendance essentielle entre le pourvoyeur et la personne accompagnée afin que l’aide proposée puisse être acceptée sans honte et sans culpabilité. Il ne s’agit pas pour autant de renoncer au cure, à la volonté de guérir, mais de lui donner un supplément d’âme.
Les différentes rubriques :
Le grand entretien (mené par Yannis Constantinidès)
Le regard de John (John Lim)
Débats d’IDE (Judith Arnoult et Cécile Vinot)
Réflexions par-ci par-là (Frédéric Spinhirny)
Invitée du mois : Céline Louvet, ancienne directrice d’établissements pour personnes en situation de handicap