Description

J’appelle des visages, des souvenirs, et ce ne sont pas toujours ceux  que j’appelle qui se présentent. Et comme s’ils n’attendaient que ça,  ils affluent, en vrac, se donnant la main. Je les accueille sans savoir  où ils vont me conduire, ni ce qu’ils vont produire. Répartis dans des  dossiers étiquetés, descendus de leurs étagères, sortis de leurs  tiroirs, les souvenirs sont là, déposés sur mon bureau, attendant avec  impatience ? espoir ? que je prenne le temps de m’y arrêter.
Il y a  des choses dont on se souvient "comme si c’était hier" et d’autres –  quel plaisir ! – qui surgissent, là, soudain, que j’avais oubliées au  point qu’elles m’apparaissent nouvelles. D’autres encore, dont je ne  mesurais pas l’importance, mais dans quoi, comme à mon insu, le temps a  déposé ce que je vais m’acharner à comprendre et essayer de traduire.  Oui, les souvenirs, il faudrait pouvoir leur parler. Ils doivent tout  savoir de nos regrets, de nos remords.