Description

Une uchronie est une reconstruction fictive de l’histoire, relatant les faits tels qu’ils auraient pu se produire.

Et si tout le monde avait menti ? Et si la femme avait été la source  de toute vie : « Eve » en anglais, « l’aube de l’humanité. » Et si Dieu  avait été la mère et non le père de cette humanité ? Et si la femme,  parce qu’elle a tout créé, était seule en mesure de changer le monde et  de nous faire changer ?

Quand la parole se fit chair, elle aurait pu avoir le sourire de  Marie.  La mère universelle. Et Marie aurait pu à son tour engendrer le  sourire de l’enfant. La première parole de l’humanité ne pouvait être  que le verbe aimer. Et le verbe « aimer » c’est l’anagramme de  « Marie ».

Et si la femme était la source de toutes les sources ? Et si elle  était la source de toute lumière ? Et si elle était à la fois le symbole  de la naissance et celui de la renaissance ? Et si elle était à la fois  la source, le cours et l’embouchure de la vie ? Son estuaire et son  delta, suivant que ce soit le fleuve ou que ce soit la mer qui domine la  rencontre de l’eau douce et de l’eau salée.

Et si la femme était la vérité ? L’essence de toute chose ? Le cordon  que l’on ne tranche pas. Et si nous n’étions que la conséquence de son  apparition ? Et si elle était le premier souffle, celui qui provoque les  autres ? Et si elle était la clef du destin, de la musique et des  âmes ? Et si elle était le parfum de l’existence ? Et si elle était la  promesse fondamentale ? Et si elle était le lien, entre le premier  souffle et le dernier soupir ? Celui qui nous donne un sens ?

Et même quand elle semble avoir disparu, et même quand elle semble  s’en être allée, et même quand tout paraît fini, nous savons que tout  notre corps a été modelé dans la glaise où elle dort, et que par elle,  avec elle et en elle, tout pourrait recommencer.

Jean-Pierre Guéno