Description

Dans sa bat-cave ésotérique du Loir-et-Cher, cet auteur-acteur, aussi bien spécialiste des comics que de pensée magique, fantasme « une immense partie de jambes en l’air », mondiale et simultanée, aux millions de partenaires, tendue vers un orgasme essentiel.

« Je revois la cicatrice de ma bouche dans ton cou missionnée pour y installer le désir, repeindre et aménager des chambres d’amour (…) Une fois retirée à ma chair ouverte, ta dent claire emportait les trophées de douleur pour compléter sa collection sordide. J’étais le perroquet empaillé de plus quelque part au fond du stock. » En début d’année, les éditions lyonnaises Nouvelle Marge publièrent un « poème double » d’amor doloroso, narré en prose dans un « cahier de déroute » qui démarre par Upir, précipité lautréamonstrueux de deux ans de relation acérée avec une « vampire », et se poursuit via le portrait de La Poétesse impubliable, miroir d’une rencontre comparable à une « médication » (« cheminer vers elle, une orthopédie »), quand « l’amour était une couronne qui vous ceint tout le corps ». Hélas, cela finira dans les larmes.

 « L’anarchie des baisers fait oublier le plan secret. » Mais quel est donc ce plan ? L’auteur, Aurélien Lemant, est un wonderboy plein de ressources. Aussi bien spécialiste des comics que de pensée magique, calfeutré dans sa bat-cave ésotérique du Loir-et-Cher, on doit à cet acteur, également metteur en scène et parolier, des essais sur Philip K. Dick, Maurice G. Dantec, Blue Oyster Cult ou, récemment, Watchmen. Le 30 octobre, celui qui publiera Héros et Thanatos, essai sur la mort chez les super-héros DC/Marvel (éditions Fage), fantasme une « partie de jambes en l’air », mondialement simultanée, afin « modifier la réalité » via notre « magie sexuelle » ainsi connectée, au diapason des intuitions du mage occulte anglais Aleister Crowley ou des Red Hot Chili Peppers. « Ne nous en privons pas, parce que les méchants le font pour nous baiser. » Rendre le futur « littéralement désirable » : il faudrait prendre date, non ?

Image : Turkish délices, de Paul Verhoeven (1973).