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… et les lieux de culte seront reconvertis en clubs, en théâtres ou en cinémas, selon les vœux de cet écrivain parisien, qui prie pour « des espaces de communion et de divertissement gratuits, ouverts à tous ».

« Dieu est un concept qui nous permet de mesurer notre souffrance. Je ne crois pas à la magie, à la Bible, en Jésus, en Bouddha... » Décembre 1970 : fraîchement séparé des Beatles, John Lennon clame haut et fort son athéisme via God, tiré de son premier album solo flanqué du Plastic Ono Band, sur lequel figure également la chanson I found out, où il annone sans desserrer les dents qu’« aucun Jésus ne descendra du ciel » et qu’« aucun gourou ne verra jamais à travers tes yeux ». Sans oublier les vers immortels d’Imagine : « Imagine s’il n’y avait pas de paradis. C’est facile, tu devrais essayer. Pas d’enfer à nos pieds. Que du ciel au-dessus de nous. Pas de pays, pas de religions non plus. Tous les peuples vivraient en paix. »

C’est à peu près la prière confessée en notre paroisse utopique par l’écrivain parisien Franck Balandier, 68 ans. Ex-éducateur pénitentiaire, organisateur d’un live un peu mémorable de Trust à Fleury-Mérogis où fut également créée à son initiative la première émission de radio animée par des détenus, ce fin connaisseur d’Apollinaire publiera en février Sing Sing –musiques rebelles sous les verrous(éditions Le Castor Astral), recueil de portraits de musiciens ayant passé quelques heures ou plusieurs années derrière les barreaux, de Johnny Cash à Joeystarr, de Chuck Berry à Booba en passant par Daniel Darc.

Au commencement voici son Verbe, sur le pont de notre Arche, à conjuguer au futur : « Les hommes ont fini de croire. Au rencart, les Brahma, les Vishnu, les Zeus, les Yahvé, les Jéhovah, les Allah. Au rebut, les prophètes, les Mahomet, les Dalaï-Lama, les Osiris, les Diane chasseresses ou non, les Aphrodite bonnet D, les Apollon en slip kangourou... » Et tandis que des grenouilles de bénitiers militent pour le retour des messes, Franck Balandier prêche pour des lieux de culte reconvertis en clubs, en théâtres ou en cinémas, transfigurés en « espaces de communion et de divertissement gratuits, ouverts à tous ». Un seul mantra : « Vivre. Partager. Rire. » Alléluia-ah !

Image : Marcel Gotlib, God’s club, publié dans L’Echo des Savanes en 1974 puis dans Rhââ Lovely tome 2 (éditions Fluide Glacial).