Invités :
- Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles pour Libération
- Hélène Miard-Delacroix, professeure à Sorbonne Université, spécialiste de l’Allemagne contemporaine
- Florence Autret, correspondante à Bruxelles pour la presse française
- Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences Po, à l’INALCO et spécialiste de l’Europe
- Sylvie Matelly, économiste et directrice adjointe de l’IRIS
Dimanche 26 septembre, les Allemands étaient appelés à voter pour élire les députés qui formeront le Bundestag, qui seront eux-mêmes amenés à former un nouveau gouvernement. Avec 25,7 % des voix, les socio-démocrates (SPD) arrivent en tête des élections en Allemagne. En passant sous le seuil des 30%, le parti conservateur de la chancelière sortante Angela Merkel (CDU/CSU) enregistre quant à lui son pire score depuis plus de 70 ans. Quelle conséquence pour la politique économique de l’Allemagne et pour les relations franco-allemandes et la construction européenne ?
Pour Olaf Scholz, le chef de file du SPD, les électeurs ont dit qu’ils voulaient un changement. « Dans les dernières heures, le SPD a récupéré 1,5 millions de voix du CDU/CSU. Mais aussi 1,5 millions de la gauche radicale. Cela montre que dans ce parti, ils ne sont pas tous comme un même homme et Olaf Scholz devra aussi faire avec l'aile gauche », analyse Hélène Miard-Delacroix. S’il était opposant d’Angela Merkel lors de ces élections, Olaf Scholz est déjà une figure politique familière, y compris en France, puisqu’il était jusqu’à présent ministre des Finances de la chancelière. « Il y a un élément de continuité c’est sûr », estime Florence Autret. « Mais dire qu’il en est l’héritier est un peu trop embrasser la communication de M. Scholz. On va voir dans les prochaines semaines où s’établit l’équilibre ».
Quel impact pour la France et l’Europe ?
Arrivent en suite : les chrétiens-démocrates (CDU) d’Armin Laschet, le dauphin d’Angela Merkel (24,1 %), suivis par les Verts d’Annalena Baerbock (14,8 %). Avec un score aussi serré, les partis doivent maintenant s’entendre pour former le prochain gouvernement de coalition. Les négociations s’annoncent rudes. Cette coalition aura-t-elle un impact sur les relations franco-allemandes ? Invité sur le plateau des 4 Vérités lundi 27 septembre, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes Clément Beaune assure que la France ne redoute pas de changement de ligne. Récemment, Emmanuel Macron a reçu Olaf Scholz et Armin Laschet à l’Élysée. En revanche, Annalena Baerbock a refusé de s’y rendre. « Il y aura peut-être une petite inclinaison favorable à Olaf Scholz », décrypte Patrick Martin-Genier. « Il est plus en faveur d’un entraînement européen dans la croissance. Contrairement à la droite qui est plus en faveur d’un retour à l’orthodoxie budgétaire », ajoute-t-il.
À Bruxelles, les instances européennes observent ces élections de prés. « Il va falloir former une coalition non pas à deux partis comme d’habitude, mais sans doute à trois partis. Celui qui fait le plus peur est celui des libéraux du FDP. C’est un parti qui a l’affichage pro-européen, mais sur le fond euro-réticent, voire euro-sceptique qui veut revenir à une stricte orthodoxie budgétaire le plus tôt possible », explique Jean Quatremer. Une chose est sûre : la mise en place de cette coalition prendra du temps.