Invités :
- Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique
- Alix Bouilhaguet, journaliste politique
- Stéphane Zumsteeg, directeur du département Politique à l’Institut Ipsos
- Frédéric Says, éditorialiste politique à France Culture
Chanteur, comédien, chef d’entreprise, mais aussi député puis ministre… Bernard Tapie a eu une vie digne d’un roman. En janvier 1989, l’homme sulfureux, propulsé en politique par François Mitterrand, est élu député de Marseille à la surprise générale. Très vite, il endosse ce nouveau costume d’homme politique notamment en étant le seul à accepter de débattre à Jean-Marie Le Pen. Il casse les codes. En 1992, il est nommé ministre de la Ville. Issu de la société civile, il est perçu comme un ovni par le reste de la classe politique traditionnelle. « C’est quelqu’un qui est tout à fait hors système à l’époque. Il n’est pas un homme de parti, il est sur plusieurs champs à la fois : sportif, entreprise, politique… Il est assez transgressif de ce point de vue-là », analyse Arnaud Benedetti. Durant sa courte carrière politique, Bernard Tapie a néanmoins bouleversé les équilibres de la gauche au pouvoir et attisé les rivalités au sein du Parti socialiste. « Il y avait évidemment des éléphants jaloux de voir quelqu’un qui surgissait d’un coup et qui prenait ce qu'eux ont parfois mis des décennies à conquérir. Ils étaient jaloux de ce CV en accéléré et de sa proximité avec François Mitterrand qui savait en jouer », décrypte Frédéric Says.
Une ascension hors du commun
Bernard Tapie va également tâcher de réconcilier la gauche des années 1980, à l’époque assez anticapitaliste, avec le monde de l’entreprise. Il parle d’argent sans complexe. « Ce sont des valeurs complètement orthogonales comparées au socialisme de François Mitterrand », ajoute Frédéric Says. Ses affaires judiciaires contraignent Bernard Tapie à quitter le gouvernement. Pourtant il est réélu député en 1993 puis député européen l’année suivante. Il ne parviendra cependant pas à réaliser son premier objectif : celui de devenir maire de Marseille. Sur plusieurs aspects, cette ascension hors système fait penser à un autre destin hors du commun, celui d’Emmanuel Macron. Issus de milieux sociaux différents, les deux hommes partagent néanmoins de nombreux points communs : ce gout de la transgression, une émancipation solitaire, sans parti mais aussi la protection d’un président…