Invités :
Frédéric Denhez, journaliste spécialiste des questions environnementales
Marc Giraud, naturaliste, porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS)
Nathalie Mauret, journaliste politique pour le groupe de presse régionale Ebra
Alix Bouilhaguet, éditorialiste politique
À six mois du scrutin présidentiel, la chasse s’invite dans les sujets majeurs dans les débats. Dans son programme de campagne, le candidat écologique, Yannick Jadot, veut interdire la chasse le week-end et pendant les vacances scolaires. Du côté des chasseurs, on dénonce une vision parisienne de la campagne et de la ruralité. Samedi 20 novembre, un chasseur a été grièvement blessé par un ours dans l’Ariège. Cette affaire relance, la question sans fin, de la cohabitation entre l’Homme et l’animal. « La majorité des Pyrénéens sont pour la présence de l’ours. Le problème, c’est plutôt la présence des chasseurs », estime Marc Giraud. Ce sujet met en lumière un conflit latent entre la France des villes et la France rurale. « La lutte entre Paris et la province est un cliché. Tout ne vient pas d’en haut aujourd’hui. Les choses sont cogérées », décrypte Nathalie Mauret. Sur le terrain politique, les partis sont divisés. « Il y a très peu d’homogénéité entre les partis concernant cette question », analyse Alix Bouilhaguet.
Faut-il interdire la chasse le week-end et pendant les vacances scolaires ? Selon un sondage Ifop pour le JDD, paru le 4 novembre dernier, 69% des Français y sont favorables. « Avec cette proposition, qui a été très entendue, Yannick Jadot se singularise », analyse Nathalie Mauret.
En France, ils sont plus d’un million à pratiquer la chasse. C’est le troisième sport le plus pratiqué dans l’Hexagone, derrière le football et la pêche. L’aspect symbolique est très fort. « La chasse est liée à la Révolution, à l’abolition des privilèges, adossée au droit de propriété. C’est ancré dans notre psyché et les chasseurs s’en sont emparé », commente Frédéric Denhrez.
Cependant, certaines pratiques choquent, en particulier la chasse à courre. Et les clichés, de part et d’autres participent à la cristallisation des débats. Une des raisons pour laquelle la classe politique peine à se positionner, tiraillée, entre la tentation de courtiser cette manne électorale, et, en même temps, avoir une approche plus humaine sur la défense des animaux. De surcroît, l’adhésion à la chasse est en train de changer avec la modification démographique et l’arrivée des nouveaux ruraux, qui ne veulent plus chasser.