Invités :
Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la Recherche stratégique
Sylvie Matelly, économiste, directrice adjointe de l’IRIS
Arnauld Miguet, correspondant en Chine
Les Chinois ne supportent plus la politique Zéro Covid et les confinements à répétition depuis presque trois ans, imposés par le gouvernement chinois. Et ils le font de plus en plus sentir. Depuis samedi 26 novembre, les rassemblements se multiplient dans les grandes villes du pays, et notamment à Shanghai ou Pékin, villes au cœur du pouvoir et des plus surveillées. En effet, le chef d’État chinois Xi Jinping est directement visé par les manifestants. « Il y a beaucoup de jeunes manifestants dans les rues. C’était la première fois qu’ils participaient à ce style de mouvements », commente Arnauld Miguet. Parmi les facteurs déclenchants ? La diffusion de la coupe du monde. « Les Chinois voient les images de la coupe du monde, ils regardent les matches et voient dans les tribunes des gens non-masqués, sans distanciation sociale. Ils ont l’air de s’amuser alors qu’ils ont l’impression de vivre sur une autre planète », ajoute Arnauld Miguet. Ainsi, la chaîne de télévision nationale censure les images des tribunes.
Une chose est sûre : cette contestation est inédite depuis 1989. « Le régime est tombé dans son propre piège en refusant de vacciner avec un vaccin étranger. La Chine voulait montrer au monde que son système fonctionnait beaucoup mieux que les démocraties et en partie les États-Unis. Résultats : les Chinois sont mal vaccinés, avec des vaccins qui fonctionnent moins bien. De plus, les personnes âgées ont également été moins vaccinées. Enfin, le système de soins est totalement sous-développé », explique Valérie Niquet. En réalité, ce ras-le-bol ne date pas d’hier.
Autre conséquence ? La crise économique engendrée par les confinements successifs et les multiples restrictions de déplacements. « L’économie en pâtit et les expatriés quittent le pays. La Chine ne fait plus rêver », explique Arnauld Miguet.