Invités :
Alexandra Schwartzbrod, directrice adjointe de la rédaction de Libération
Véronique Reille-Soult, présidente de Backbone Consulting, spécialiste de l’opinion en ligne
Guillaume Daret, Grand reporter au service politique
Pouvoir d'achat, politique étrangère, retraites, écologie, immigration, Constitution… Pendant près de trois heures, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont confronté leur projet pour la France, en vue du second tour de l’élection présidentielle, le 24 avril prochain. Le débat a été suivi par plus de 15,6 millions de téléspectateurs. Cinq ans après le rendez-vous raté de 2017, Marine Le Pen espérait ainsi gommer ses erreurs passées et prendre sa revanche lors de ce match retour. Néanmoins, la candidate du Rassemblement nationale est apparue trop balbutiante, notamment sur les questions économiques. « On sentait que Marine Le Pen ne maîtrisait pas ses dossiers. Pourtant, le débat a commencé sur sa mesure phare : le pouvoir d’achat. Emmanuel Macron l’a un peu noyée sur les chiffres », explique Alexandra Schwartzbrod. Au lendemain du face-à-face, les spécialistes pointent du doigt la posture trop souvent défensive de Marine Le Pen vis-à-vis de son adversaire. « Elle avait l’intention d’apparaître la moins agressive possible par rapport à 2017, si bien qu’elle ne s'est pas saisie des opportunités de s’en prendre au bilan du président sortant, et à certains de ses échecs. On a senti qu’elle ne voulait pas faire de sortie de route », précise Guillaume Daret. « On sentait qu’elle avait peur. Le débat d’il y a cinq ans a dû être traumatisant. Il y avait le fantôme de ce débat. Même si elle se prépare depuis cinq ans, on a senti sa peur viscérale de se retrouver face à cet homme qui a la maîtrise des chiffres et des sujets », précise Alexandra Schwartzbrod.
De leur côté, les sympathisants de Marine Le Pen ont dénoncé l’attitude du président-candidat, jugée trop arrogante. « Plus que les mots qu’il a employés, c’est l’attitude qu’il a eu face à elle qui a été relevée. Néanmoins, cela ne fera pas changer beaucoup de voix », explique Guillaume Daret.
Sur la politique étrangère, Emmanuel Macron n'a pas hésité à tacler la « dépendance » de Marine Le Pen au pouvoir russe. « En 2015, Marine Le Pen s’est endettée auprès des Russes et elle est toujours en train de rembourser. Si elle est élue, il y aura, en France, un leader qui devra de l’argent à Vladimir Poutine. Dans le contexte actuel, cela paraît inimaginable », explique Alexandra Schwartzbrod. Sur les réseaux sociaux, le débat a été très commenté.