Invités :
Jean-Marc Daniel, économiste, professeur à l’ESCP Business School
Jade Grandin de l’Eprevier, journaliste au service Économie pour L’Opinion
Stéphanie Villiers, économiste
Emmanuel Duteil, rédacteur en chef Économie et social à Europe 1
La France connaît une croissance de 6,25%, le meilleur chiffre depuis 1973, soit depuis près de 50 ans et voit son niveau d’emploi être supérieur à celui d’avant la crise sanitaire. « Les difficultés économiques étaient un choc exogène, c’est-à-dire un choc extérieur lié au confinement. Dès lors que l’on résout le problème du Covid-19 par la vaccination et que l’on arrête de confiner l’économie, elle retrouve son niveau de production », estime Jean-Marc Daniel. Et d’ajouter : « Le véritable enjeu est de savoir quand-est ce que nous retrouverons le même niveau de production qu’au dernier trimestre 2019 ».
Indépendamment de l’enthousiasme ambiant, le véritable enjeu c’est ce qu’il va se passer après, dans les années à venir. Avec la vaccination, la France a-t-elle réussi à apprivoiser la crise sanitaire sur le long terme ? « Pour la première fois, l’économie est en train de se dé-corréler de l’épidémie », analyse Jade Grandin de l’Eprevier. « On a vu avec cette quatrième vague que le choc économique était beaucoup moins important », précise-t-elle.
La reprise de l’économie est aussi liée à une bonne consommation des Français. Certains observateurs la comparent même à celle des années folles. « Sur l’été, la consommation a été bonne. On voit aussi une certaine envie des Français de se faire plaisir. Quand ils vont au restaurant, le panier moyen augmente. C’est vrai également dans d’autres secteurs. De plus, on a fait une très bonne saison touristique, alors qu’il n’y avait pas de touristes internationaux », estime Emmanuel Duteil.
Un manque de main d’œuvre dans plusieurs secteurs
Résultat ? On manque de main d’œuvre. Certains secteurs ont des difficultés à recruter du personnel qualifié, à tel point que les patrons doivent augmenter les salaires pour attirer des talents. « Pendant le confinement, beaucoup d’employés ont quitté la restauration. Et aujourd’hui on peine à trouver des gens dans ce secteur », décrypte Jade Grandin de l’Eprevier. Mais pourquoi ne veulent-ils pas revenir ? « Ce n’est pas uniquement une question de salaire. Beaucoup pointent du doigt l’organisation du travail, les horaires, le management… Des critères qualitatifs qui manquaient ». Par ailleurs, beaucoup de salariés ont eu envie de se reconvertir. « Ce n’est pas une mauvaise chose. C’est comme ça qu’une économie évolue vers des secteurs plus porteurs, plus innovants », poursuit la spécialiste.