Invités :
- Nathalie Funès, journaliste à l’Obs
- Anthony Bellanger, éditorialiste France Inter, spécialiste des Affaires internationales
- Armelle Charrier, éditorialiste en politique internationale à France 24
Samedi 16 octobre 2021, Emmanuel Macron était au pied du Pont de Bezons, à Colombes, pour commémorer le massacre du 17 octobre 1961, le jour où plus d’une centaine d’Algériens, partisans de l’indépendance de l’Algérie, avaient été tués par des policiers parisiens. Une première pour un président de la Vème république. Lors de la cérémonie, le chef de l’État a reconnu pour la première fois les « crimes inexcusables » commis, selon lui, par la République contre les manifestants algériens. Entre la France et l’Algérie, l’histoire commune est douloureuse et les plaies sont toujours très vives. « Il y a des mémoires familiales encore très touchées, il y a aussi eu un éclatement des mémoires qui sont très à vif. Pendant quarante ans, il y a aussi eu un incroyable déni, avec de nombreuses lois d’amnistie qui n’ont pas permis de solder ce passé », analyse Nathalie Funès.
Le 18 mars prochain célèbrera les 60 ans des accords d’Évian, qui ont mis fin à la guerre d’Algérie avec le rapatriement des Français d’Algérie. « Ils ont été unifiés dans l’exil et portés par une parole très pro-Algérie Française, ce qui a d’autant plus compliqué leur arrivée en France », ajoute Nathalie Funès. À six mois du scrutin présidentiel, Emmanuel Macron se place du côté de l’apaisement et le rassemblement des Français quelque que soit leur passé et leurs origines, tout en restant prudent. « Cette histoire algérienne est dans le cœur battant de notre démocratie et de nos institutions », décrypte Anthony Bellanger. S’il n’est pas encore officiellement candidat, Éric Zemmour a remis la guerre d’Algérie au cœur du débat.
Vers l’apaisement mémoriel ?
Cet hommage intervient en pleine crise diplomatique entre les deux pays. En cause ? Des propos d’Emmanuel Macron rapportés par le journal Le Monde. Lors d’un dialogue avec des descendants des familles de la guerre d’Algérie, le président français a émis des jugements très durs à l’encontre du pouvoir algérien dirigé par le président Tebboune. Depuis, le gouvernement algérien a rappelé son ambassadeur et a interdit le survol de son territoire aux avions militaires français après la décision de la France de réduire de moitié le nombre de ses visas accordés aux Algériens. Un premier pas vers un apaisement mémoriel ?