Description

Invités :
Claudy Siar, journaliste à RFI
Célia Cléry, rédactrice en chef adjointe de la radio Outre-mer la 1ere
David Delos, journaliste Economie

Aux Antilles, la situation est explosive. La mobilisation contre l’obligation de la vaccination pour le personnel soignant s’est transformée en véritable mouvement de contestation sociale. Vaccination mais aussi coût de la vie et accès à l'eau potable… La crise sanitaire vire à une crise sociale. En marge du mouvement, la violence sévit entraînant de véritables émeutes. Face à la situation explosive, le gouvernement a déployé les troupes du RAID et du GIGN. À Fort-de-France, des policiers ont été visés par des tirs à balles réelles. La Justice a ouvert une enquête pour tentative de meurtre. Dans les rues de Pointe-à-Pitre, malgré une nuit plus calme, le dispositif policier est toujours aussi important. « Les Antilles sont gangrenées par la pauvreté. Il faut néanmoins condamner l’utilisation des armes pour exprimer une colère légitime », estime Claudy Siar. Aux Antilles, seuls 42% de la population est vaccinée. « Il y a une défiance vis-à-vis de la parole officielle, mais aussi vis-à-vis des médias, en particulier de la jeunesse », décrypte Célia Cléry.

Autre point de crispation ? La vie chère. En Guadeloupe, les prix sont 16,2% plus élevés qu’en métropole, selon l’INSEE. « Il faut vraiment prendre conscience que là-bas tout est plus cher. Il faut tout acheminer, il n’y a pas de blé. Les frais de transports coûtent cher. De la production à l’acheminement, chaque intermédiaire prend sa marge. Cela crée un effet ciseaux avec la pauvreté », commente David Delos. Et cette situation économique de ces territoires s’explique aussi par des résidus historiques. « Ce passé ne passe pas. Il y a encore la lourdeur du passé », analyse Claudy Siar.

Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu a affirmé qu’il se rendrait sur place, mais n’a pas annoncé de date. Le dernier membre du gouvernement à s’être rendu aux Antilles, c’était Bernard Cazeneuve, en 2016. « En termes de message, c’est terrible. On envoie les camions alors que celui qui est en charge de cette région reste à Paris », décrypte David Delos. La population, elle, vit cela avec désolation. « Une majorité d’Antillais comprend cette colère légitime, pour qu’enfin, la France respecte ces populations-là », conclut Claudy Siar.