Description

Invités :

Marie-Cécile Naves, directrice de recherché à l’Institut de Relations internationales et Stratégiques (IRIS)

Jean-Marc Daniel, économiste, professeur émérite à l’ESCP Business School Paris

Céline Antonin, économiste sénior à l’OFCE

Stéphanie Villers, économiste

Après vingt jours de guerre, la Russie semble plus isolée que jamais. Le pays fait l’objet d’un boycott d’une ampleur inédite. L’Europe multiplie ses sanctions et les grandes entreprises mondiales se retirent, les unes après les autres du territoire russe. Mardi 8 mars 2022, la célèbre chaîne de restauration McDonald’s a annoncé la fermeture de tous ses points de vente en Russie. Cette décision à forte charge symbolique rappelle l’ouverture du premier restaurant du pays, à Moscou en 1990. Un moment historique qui était devenu le symbole de l’ouverture du monde. « C’était la promesse que l’ouverture économique allait apporter la paix et la concorde entre les peuples. On voit bien que cette promesse ne peut pas être tenue », commente Marie-Cécile Naves.

S’agit-il d’un départ sans retour ? « Cette entreprise a bien mesuré les pertes et le manque à gagner que ces fermetures allaient engendrer. Elle maîtrise parfaitement l’art du marketing et de la communication. McDonald’s se retire et on ne parle que de ça à travers le monde. Cela permet de redorer son blason à moindre coût, car les occidentaux vont se sentir galvanisés par cette prise de position » analyse Stéphanie Villers.

Quelles conséquences ? 

Après le double traumatisme de la crise sanitaire mondiale puis de la guerre en Ukraine, la mondialisation heureuse promise dans les années 1990 est-elle encore possible ? « Il y a une vraie réflexion qui est à l’œuvre. On s’est rendu compte que dans certains domaines stratégiques, on avait des dépendances qui étaient, sans doute, trop fortes. Mais on ne peut pas revenir sur la mondialisation du jour au lendemain », analyse Céline Antonin. Une chose est sûre : le monde sera différent à l'issue de cette guerre. « Les grandes crises montrent le côté délétère de nos interdépendances mondiales et de nos dépendances aux énergies fossiles », précise Marie-Cécile Naves.

En France, cette guerre a entraîné la flambée des prix, en particulier de l’énergie. Pour y faire face, le gouvernement a annoncé une réduction de 15 centimes par litre sur le carburant à partir du 1er avril. Selon un cabinet d’expert, la guerre en Ukraine risque d’amputer la croissance française d’un point. « Les Français se sont habitués au quoi qu’il en coûte. Au sortir de cette guerre en Ukraine, on verra les dégâts sur les comptes publics », décrypte Stéphanie Villers.