Description

  Invités :

  •  Bertrand Badie, professeur émérite à Science Po, spécialiste des relations internationales 
  •  Maryse Burgot, grand reporter à France Télévisions
  • Antoine Mariotti, journaliste à France 24, ancien correspondant de Jérusalem

Lundi 30 octobre 2023, pour la première fois, les chars Israéliens seraient arrivés au nord de la ville de Gaza. Ils progressent dans un lieu non précisé. Le but ? Combattre et harceler les miliciens au cœur de la ville et isoler le nord, pour couper le ravitaillement des armes. Cette tactique va-t-elle fonctionner ? L’offensive de l’Israël donne à Bertrand Badie l’impression d’un « certain flou ». Passe-t-on à une évolution de la conjecture, ou existe-t-il un décalage par rapport à l’idée initiale ? Maryse Burgot considère en tout cas que si Israël est passé dans une phase de « petite » incursion, ces opérations demeurent parcellaires et ciblées, car pensées pour préserver la vie des Israéliens. « C’est impossible d’éradiquer le Hamas, et pourtant, le gouvernement Israélien s’enfonce dans ce piège », rebondit Anthony Mariotti, citant l’exemple de Benjamin Netanyahu, qui a affirmé lundi 30 octobre qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu tant que les otages ne seraient pas libérés. Or, exemples d’autre pays à l’appui, on connaît la difficulté de libérer des otages. 

Après avoir été sur place pendant plus de trois semaines, la grande reporter à France Télévisions se dit marquée par « notre basculement à nous », et par la barbarie des images qui ont été montrées à elle et aux autres journalistes présents sur place. « C’est insoutenable, c’est la sidération ». L’autre difficulté qui se présente est de donner à voir ce qui se passe à Gaza avec objectivité, sachant que les journalistes ne peuvent pas entrer dans la zone. Quelle place occupent les États-Unis dans ce conflit ? Ils sont en tout cas « le grand perdant » en matière d’intervention extérieure, juge Bertrand Badie. Et après ? Il n’y a pas de réflexion sur l’avenir, « c’est comme si on avançait aveuglement, avec la soif de revanche, et c’est peut-être ça le plus inquiétant », alerte Maryse Burgot.