Invités :
· Alexandra Schwarzbrod, directrice adjointe de la rédaction de Libération
· Anthony Bellanger, éditorialistes France Inter spécialiste des affaires internationales
· Jean-François Colosimo, historien des religions
Ce week-end les manifestations pro-Palestine se sont multipliées en France, en Allemagne et au Canada. Dans de nombreuses familles, le conflit Israël/Palestine est l’objet de vifs débats. « Tous les adultes d’aujourd’hui, ont grandi avec ce conflit, dont on a l’impression qu’il est interminable. A intervalle régulier, on voit les mêmes scènes qui se reproduisent. Des Palestiniens qui sont chassés de leur maison, des requêtes lancées par le Hamas de Gaza, des bombardements en représailles. C’est l’éternel cycle de recommencement. Dans le monde entier, on commence à se dire, comment est-ce possible que les mêmes images reviennent ? Pourquoi la diplomatie internationale ne peut rien ? Et de ce fait, elle ne peut rien », estime Alexandra Schwartzbrod. Le conflit est d’autant plus préoccupant qu’il touche les communautés juives et musulmanes du monde entier. « Ces communautés se sentent visées, touchées, concernées par ce conflit. D’où le danger immense. D’abord local, ce conflit peut devenir régional et surtout mondial », souligne la journaliste.
En France, ce conflit a inéluctablement des répercussions identitaires dans chacune de ces communautés. « La France a la plus grande communauté juive et la plus grande communauté musulmane d’Europe. En quantité comme en qualité, notre communauté juive et notre communauté musulmane ont un rapport beaucoup plus heurté et beaucoup direct avec le conflit israélo-palestinien », précise Anthony Bellanger.
De la bataille territoriale à une guerre des religions
Historiquement, le conflit israélo-palestinien n’a pas de fort caractère religieux mais peu à peu il a pris une dimension religieuse. « Ce conflit suit les évolutions du monde et la dimension religieuse est devenue d’autant plus forte, explique Jean-François Colosimo. D’un côté, le Hamas est véritablement un mouvement de résistance qui se veut islamique, très différent du Fatah ou de l’OLP. De l’autre côté, la société israélienne a muté au cours des années, et aujourd’hui, les partis religieux qui ne sont pas très importants numériquement, sont très importants politiquement. Comme le reste du monde, ce conflit se retrouve confronté au ‘retour du religieux’ mais qui est en fait une instrumentalisation des éléments religieux à des fins politiques », conclut l’historien.