Nos invités :
Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique chez France TV
Bruno Cautrès, politologue, chercheur au CEVIPOF et enseignant à Sciences Po
Jean Garrigues, historien et président de la commission internationale de l’Histoire des assemblées
C’est une semaine politique sous haute-tension. En effet, après presque deux mois en pilotage automatique, Michel Barnier devrait délivrer la composition du futur gouvernement. Et ce dernier devrait fortement pencher… à droite, sans surprise ! De ce côté de l’échiquier politique, ça se bouscule au portillon de Matignon ! Tandis qu’à gauche, les candidatures se font plus rares. Aux côtés de son ancien Premier ministre qui aimerait lui succéder, Emmanuel Macron prend un bain de foule lorsqu’un électeur de gauche l’interpelle sur le chaos politique : « Le résultat des élections, il faut le respecter. C’est la moindre des choses » fustige un citoyen qui se fait la voix d’un bon nombre de Français. Pendant ce temps, Michel Barnier promet toujours un gouvernement élargi. À droite, certains s’y voient déjà comme Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau. Mais alors qui pour incarner la jambe gauche ? D’autres socialistes tels que Carole Delga ou Karim Bouamrane ont déjà écarté cette perspective. Reçu à Annecy par les parlementaires LR, le Premier ministre leur glisse en aparté : « Matignon sera votre maison ». Formule qui fait bondir l’aile gauche de feu la majorité macroniste redoutant un virage à droite toute. Quelle que soit la composition de l’équipe finale, Michel Barnier est toujours à la manœuvre pour éviter la censure.
En attendant, la gauche, quant à elle, se divise sur la stratégie à adopter vis-à-vis de La France Insoumise et plus particulièrement de son leader, Jean-Luc Mélenchon. De plus en plus contesté y compris par les siens, le chef de file LFI est dans le viseur de son ancien compagnon de route, François Ruffin. Ce dernier a dénoncé dans un livre l’approche communatiste de Jean-Luc Mélenchon dans sa façon de faire de la politique. Rien ne va plus au sein du NFP. Oublié les rires complices et les élans de solidarité. François Ruffin a décidé de s’émanciper une bonne fois pour toutes. Après avoir quitté il y a maintenant deux mois La France Insoumise, il ne cesse d’accabler le leader LFI dont il ne comprend plus les choix politiques. Cette rupture est-elle définitive ? À la fête de l’Humanité, le déserteur LFI a été reçu par des huées, des prises à parti et finalement des applaudissements quand il critique la stratégie électorale de La France Insoumise. Par tribune interposée, Jean-Luc Mélenchon réaffirme son choix : « Nous nous occupons de la jeunesse, des quartiers populaires, de la population qui travaille ». C’est tout l’objet de leur désaccord. Dans son dernier livre, « Itinéraire - Ma France en entier, pas à moitié » , le député picard accuse le leader insoumis de s’adresser uniquement aux quartiers populaires et aux jeunes, au détriment de la classe ouvrière. Et il avoue avoir lui-même mené une campagne au faciès dans sa circonscription. La démarche de François Ruffin est adoubée par certains à gauche. À l’avenir, quelle stratégie électorale la gauche devra-t-elle adopter pour gagner des voix ? Le débat est posé avec nos invités.