- Françoise Vimeux, climatologue à l’Institut de Recherche pour le Développement (RID)
- Emmanuelle Pons, directrice des opérations internationales de la Croix Rouge française
- Alban Mikoczy, grand reporter, spécialiste des questions internationales
Effroyable bilan en Libye après le déluge qui a submergé ses régions côtières, le tout dans un pays livré au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Alors que se sont abattus en quelques heures l’équivalent de deux ans de pluie, des milliers de morts sont à déplorer. Depuis le drame, les secouristes du Croissant-Rouge, réseau humanitaire mondial, interviennent difficilement dans des villes désormais coupées du monde. Cette situation météorologique sur la Méditerranée a toujours existé, mais la quantité de pluie est déversée de façon plus importante à cause du dérèglement climatique, précise Françoise Vimeux. Par ailleurs, les deux barrages qui ont cédé avaient besoin d’être réparés. Les habitants en avaient alerté les autorités depuis des années. Manque d’entretien ? Mauvaise adaptation des infrastructures ? Manque de chance ? Emmanuelle Pons signale que cette catastrophe intervient dans un contexte « extrêmement fragilisé. » Ces barrages n’étaient notamment pas suivis par des capteurs, les infrastructures routières et de communication étaient fragiles, et l’impact sur les populations en est ainsi d’autant plus important. Aussi grave que celle survenue au Maroc, cette catastrophe est passée sous les radars des médias. Les autorités libyennes ont pourtant lancé un appel international pour solliciter de l’aide. Selon le responsable de l’ONG Humanité & Inclusion, on peut parler d’un « désengagement des bailleurs humanitaires internationaux ». Bien que les besoins soient extrêmement grands, les associations d’aide internationale sont aujourd’hui peu présentes sur place car l’accès aux populations est souvent dangereux, périlleux et compliqué. Alban Mikoczy parle aussi de « deux gouvernements » entre deux régions de la Libye en conflit, Tripoli et Derna. Ces régions ne sont pas soutenues par les mêmes communautés internationales, les interlocuteurs ne sont pas les mêmes, ce qui complexifie encore les échanges avec le pays.