Invités :
Agnès Levallois, analyste à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS)
David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste du Moyen-Orient
Fariba Hachtroudi, journaliste et écrivaine iranienne
Plus de dix jours après la mort de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, la révolte ne faiblit pas en Iran. La jeune femme avait été arrêtée quelques jours plus tôt par la police des moeurs parce que son voile était mal ajusté. Depuis, les femmes défient le pouvoir. Elles sont de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreuses à arracher leur voile et le faire tournoyer. Dans les universités, les étudiantes sont rejointes par les étudiants et multiplient les mobilisations face à un régime qui ne veut rien lâcher. « Le mouvement prend de l’ampleur sur l’ensemble du territoire et dans plusieurs couches de la population. Cela prend une importance bien plus grande, plus forte, que prévu », estime Agnès Levallois. Ce n’est pas le premier soulèvement de la population, mais pour la première fois, les femmes s’invitent dans le débat, et toutes les tranches d’âge. « Cela va être très difficile à gérer pour les autorités », commente David Rigoulet-Roze.
Après 17 jours de silence, l’ayatollah Ali Khamenei s’est finalement exprimé entouré de ses forces armées. « Ces émeutes et l’insécurité sont l’œuvre des États-Unis et du régime sioniste usurpateur (Israël ndlr) », a-t-il déclaré le 3 octobre. « Ce mouvement n’a pas commencé maintenant. Mais jusqu’à présent, il était écrasé immédiatement », explique Fariba Hachtroudi. « L’ampleur a pris de court les autorités. C’est le « mai 1968 » de l'Iran, on ne l’oubliera pas. C’est un mouvement estudiantin soutenu par l’ensemble de la société civile iranienne, mais aussi dans le monde entier », précise-t-elle.