Nos invités :
Lou Fritel, journaliste politique à Paris Match
Jean Garrigues, historien, président de la commission internationale d’histoire des assemblées
Roland Cayrol, politologue et directeur conseil de « Régions Magazine »
Emmanuel Rivière, politologue, enseignant à Sciences Po et à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Après 48 jours sans gouvernement, ça se précise, enfin ! En cette journée de rentrée des classes, Emmanuel Macron reçoit Bernard Cazeneuve au palais de l’Elysée ce lundi 2 septembre 2024. Dans la foulée, le président de la République, visiblement en proie au doute, devrait également consulter Xavier Bertrand, le président LR des Hauts-de-France, et sonder l’avis de ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ultimes tractations et derniers réglages avant la nomination tant attendue, Emmanuel Macron devrait enfin mettre fin à ce suspense insoutenable. Alors, Bernard Cazeneuve, qui fut Premier ministre sous le quinquennat de François Hollande, va-t-il réintégrer Matignon et embarquer dans les hautes sphères de l’État ? Si ce dernier n’est pas demandeur a-t-il fait préciser, il a expliqué qu’il agirait par devoir pour éviter des difficultés supplémentaires au pays. Pour le camp macroniste, le scénario Cazeneuve est privilégié tandis que Nicolas Sarkozy devrait défendre les positions de Xavier Bertrand. « Bernard Cazeneuve fait partie de la short liste de profils qui me semble être à même de rassembler au-delà de son camp » défend Yaël Braun-Pivet. Membre du PS depuis 1987, il est parachuté moins de 10 ans plus tard en Normandie avant de devenir maire d’Octeville et de Cherbourg entre 1995 et 2012. En parallèle, il est élu député de la Manche de 1997 à 2007. Au cours de sa carrière politique, il tisse des liens étroits avec François Hollande pour qui il devient porte-parole durant sa campagne présidentielle en 2012. Hollande au pouvoir, Jean-Marc Ayrault alors Premier ministre, fait entrer le socialiste au gouvernement. Un an plus tard, Bernard Cazeneuve remplace Jérôme Cahuzac au poste de ministre du Budget. Son leitmotiv ? La réduction du déficit public. Nommé ministre de l’Intérieur par Manuel Valls en 2014, l’homme politique est fréquemment pointé du doigt pour son manque de souplesse notamment lors des affrontements d’octobre 2014 à Sivens qui aboutiront à la mort de Rémi Fraisse, un militant de 21 ans. Il devient un visage connu du grand public suite à la vague d’attentats inédite qui a lieu à Paris en 2015 et à Nice en juillet 2016. Sur le devant de la scène politique, François Hollande le nomme Premier ministre en remplacement de Manuel Valls. S’il n’a occupé Matignon que pendant cinq mois et neuf jours, record battu du plus bref passage à l’hôtel, il n’en reste pas moins le présumé favori des macronistes. Figure de gauche farouchement opposée à toute alliance avec La France Insoumise, homme de terrain et d’expérience susceptible de recueillir les voix ou, au moins, la neutralité des bancs de la droite, des indépendants et de quelques socialistes… Tout cela ne suffit pas à constituer une majorité. À gauche, les dirigeants du Nouveau Front Populaire ont donné la couleur : motion de censure. En effet, le camp LFI a déjà averti qu’il s’opposerait à Bernard Cazeneuve. Alors, peut-on espérer voir apparaître une fumée blanche ou doit-on se préparer à un blocage ferme ? La réponse avec nos invités.