Nos invités :
- Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du journal La Croix
Jean-Paul Hamon, médecin généraliste, président d’honneur de la Fédération des Médecins de France
Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l’IFOP
Une aide à mourir… Emmanuel Macron a donné les grandes lignes de son projet de loi sur la fin de vie dans une interview accordée à La Croix et à Libération. Et pour accompagner ces patients condamnés, ce dernier propose de mettre en place une aide à mourir. Un véritable bouleversement dont 83% des Français s’y disent favorables. Ce ne sera ni l’euthanasie, ni le suicide assisté, affirme le chef de l’État. « Le terme que nous avons retenu est celui d’aide à mourir parce qu’il est simple et humain » explique-t-il pour définir ce sujet complexe. Concrètement, Emmanuel Macron suggère des conditions très strictes pour bénéficier de cette nouvelle mesure. Peuvent être éligibles aux yeux de la loi les majeurs disposant d’un discernement plein et entier (ce qui exclut de facto les personnes atteintes de la maladie l’alzheimer) atteint d’un mal incurable avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme et avec des douleurs réfractaires aux traitements c’est à dire qu’on ne peut soulager avec des traitements. Nombreux sont les patients souffrant d’une maladie dégénérative et incurable qui attendent cette loi pour partir dignement. La demande d’aide à mourir telle que le conçoit Emmanuel Macron devra être acceptée et décidée par un collège de médecins. Elle pourra dans ce cas précis être pratiquée à domicile ou à l’hôpital par un geste personnel ou accompli par un tiers, un soignant ou un proche. La perspective est saluée par l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, avec toutefois des réserves. Jean-Luc Romero, président d’honneur de l’ADMD, demande au parlement de préciser les choses, dubitatif quant à la décision collégiale qui peut alourdir et complexifier le processus. De nombreux médecins, précisément, font part de leurs inquiétudes et lancent même une mise en garde : « Entrouvrir la porte sur l’aide à mourir, c’est une rupture. Nous ne savons pas où nous allons aller » affirme le docteur Jean-Marie Gomas, spécialiste de la douleur et des soins palliatifs. Un immense chantier donc, pour , « regarder la mort différemment » dixit le président de la République. Le débat est ouvert avec nos invités.