Invités :
· Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au CEVIPOF, enseignant à Sciences Po
· Daïc Audouit, journaliste politique
· Jean Garrigues, historien, président du Comité d’histoire parlementaire et politique
· Nathalie Mauret, journaliste politique pour le groupe de presse « Ebra »
Selon les derniers sondages, la droite (LR) et la gauche (PS) sont, comme 2017, éliminées du second tour. Comment expliquer le désamour pour les partis traditionnels ?
A gauche, la candidature d’Anne Hidalgo ne décolle pas. Créditée entre 5 et 6% des intentions de vote dans les sondages, elle vise le même électorat que Yannick Jadot, le candidat écologiste, bel et bien prêt à partir à la conquête de l’Élysée. Galvanisé par sa victoire à la primaire d’Europe écologie les Verts, Yannick Jadot veut surfer sur cette vague.
De son côté, la maire de Paris refuse de laisser le monopole de l’écologie à son principal adversaire. En interne, certains socialistes émettent des doutes. Dans l’entourage de Yannick Jadot, certains estiment que si la candidature d’Anne Hidalgo ne décolle pas d’ici la fin de l’année, elle devra se ranger derrière le candidat écologique. Pour rappel, en 2017, Yannick Jadot s’était retiré au profit du candidat de gauche Benoît Hamon. Il estime cette année, que c’est au PS de s’effacer. « On a une pluralité de candidatures autour d’un même point politique et idéologique. Au-delà de la présidentielle, il faut regarder ce que ça dira de cette nouvelle dynamique », décrypte Bruno Cautrès.
Cette tendance se vérifie dans les récents sondages. Selon une étude Odoxa pour Le Figaro publiée le 7 octobre dernier, parmi les candidats de gauche, ce sont Yannick Jadot (25%) et Jean-Luc Mélenchon (24%) qui arrivent en tête de l’adhésion des sympathisants PS et écologistes. Anne Hidalgo ne récolte que 15% et arrive en troisième position.
De plus, le Parti socialiste a perdu une partie de son électorat historique : la classe ouvrière et le vote rural, qui se détournent de plus en plus vers Marine Le Pen.
A droite, le Rassemblement national et Éric Zemmour viennent perturber tous les équilibres. A six mois du scrutin, Les Républicains, parti historique de droite qui a donné tant de président à la France, n’a toujours pas de candidat officiel. Contrairement à Nicolas Sarkozy en 2007, Xavier Bertrand ne parvient pas à s’imposer comme le leader naturel au sein de son camp. « Il a été percuté par l’arrivée médiatique d’Éric Zemmour qui a capté une partie de l’électorat des Républicains », analyse Nathalie Mauret.