Nos invités :
- Anthony Bellanger, éditorialiste à France Inter, spécialiste des questions internationales
- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique du Figaro
- Yves Bourdillon, spécialiste au service international des Échos, en charge de l’Europe de l’Est
Le principe de Poutine, « diviser pour mieux régner », serait-il en train de lui revenir en boomerang ? Si le calme est aujourd’hui revenu, une chose est sûre, Evgueni Viktorovitch Prigojine aura fait trembler le pouvoir Russe. La mutinerie Wagner révèle les failles du système Poutine. La trace du défi lancé par l’oligarque sera difficile à effacer. Poutine était-il au courant de cette mutinerie ? « Il y a énormément de questions qui sont aujourd’hui laissées en suspens », affirme Isabelle Lasserre. « Par défaut, on sait qu’ils n’ont pas été arrêtés pendant 800 km », précise Aurélien Bellanger, rappelant pourtant que l’armée Wagner a tiré sur des hélicoptères Russes qui manquent aujourd’hui au pays. Il est probable que le président de la Fédération Russe ait voulu éviter un bain de sang pendant ce moment de guerre en Ukraine. Cette aventure est en quelque sorte un « succès militaire » mais un énorme « échec politique ». Pour Yves Bourdillon, Evgueni Viktorovitch Progojine ne voulait sans doute pas vraiment faire un putsch, mais davantage créer une dynamique. La complaisance de Vladimir Poutine à son égard prouve qu’il y a eu une médiation quelque part, possiblement par Alexandre Loukachenko. Il faut toutefois rester mesuré sur l’idée que le pouvoir Russe actuel soit véritablement menacé. La correspondante diplomatique du Figaro avertit sur notre regard occidental : « Il faut bien toujours avoir en tête que les Russes ne fonctionnent pas comme nous […] Je ne serais pas étonnée qu’à court terme, le pouvoir de Poutine soit consolidé. » Anthony Bellanger ajoute que Vladimir Poutine est capable de prendre les choses de court, les Russes ayant une vision « romantico-millénariste » de leur destin. En tout cas, précise Yves Bouillon, le maître incontesté de la Russie ne contrôle pas tant que ça les choses et l’image de stabilité de la Russie est « terriblement écornée ».