Invités :
Véronique Reille-Soult, président de Backbone Consulting, spécialiste des réseau sociaux
Jérôme Chapuis, directeur de la rédaction de La Croix
François Saltiel, journaliste médias, producteur de l’émission « Le meilleur des mondes » sur France Culture
À moins de trois mois du scrutin, les réseaux sociaux jouent un rôle prépondérant dans l’opinion.
À l’image du mouvement des gilets jaunes, les antivax sont très présents sur la toile. Ils s’alimentent, s’informent et se regroupent. Mais parfois se font avoir par les fake news, montées de toutes pièces. Il faut dire que les réseaux sociaux deviennent le théâtre d’une guerre de l’image et de manipulation de l’information. « Il y a un manque d’éducation. On ne leur a pas appris comment vérifier une information et quels sont les outils disponibles pour remonter à la source d’une vidéo, d’une image… », analyse Véronique Reille-Soult. Pourtant, aujourd’hui, Internet, et les réseaux sociaux en particulier, constituent la deuxième source d’information après la télévision. « Les gens sont en attente de journalisme de qualité, ils nous attendent dans notre rôle de tiers de confiance », décrypte Jérôme Chapuis.
S’ils ne sont pas la cause des colères, les réseaux sociaux jouent un rôle d’amplificateur au sein de la société. La raison ? Les algorithmes qui créent des bulles et rassemblent les personnes qui se ressemblent entre elles. « Les réseaux sociaux peuvent faire le bien et le pire. Mais ils ne sont jamais vraiment neutres. Ils entretiennent une information souvent spectaculaire, émotionnelle », estime François Saltiel. Un an après l’invasion du Capitole, se pose la question de la modération qui ne semble pas encore à la hauteur de l’enjeu.
De surcroît, face à l'aspect spectaculaire, voire outrancier, des réseaux sociaux, les jeunes semblent plus désintéressés que jamais de l’actualité. Selon le Baromètre médias Kantar Public–Onepoint pour La Croix, seuls 38% des 18-24 ans portent un intérêt à l’actualité. Dans la bataille de l’attention, l’économie de la presse traditionnelle souffre beaucoup et ne parvient plus à faire entendre sa voix. Pour s'adapter, des médias investissent les réseaux sociaux pour répondre à une certaine demande d'information de qualité. En témoigne, le succès de Brut ou Néo.