Invités :
- Christelle Pangrazzi, rédactrice en chef du magazine Kali
- Camille Dorioz, responsable de campagne chez Foodwatch France
- Faïza Bossy, nutritionniste
Le roquefort en guerre contre le Nutri-score : comme tous les fromages du terroir, cette spécialité aveyronnaise est très mal notée selon le système d’étiquetage nutritionnel européen. Le « manger sain » aura-t-il raison de notre gastronomie ?
Roquefort contre Nutri-score : le ton est donné après l’obtention de la pire note de l’échiquier nutritionnel. Les producteurs de roquefort mais aussi de parmesan en Italie et d’huile d’olive en Espagne demandent l’exemption de la mention nutri-score pour préserver le patrimoine culinaire. Les trois produits phares de la gastronomie européenne se liguent contre le système Nutri-score qui note les produits de A pour les meilleurs à E pour les mauvais élèves. Pour parvenir à déterminer la qualité nutritionnelle du produit, il détermine la contenance de sucre, de sel ou de gras jugée saine ou excessive de chaque denrée alimentaire. Le roquefort obtient la pire note : E, c’est en dessous des fromages industriels ultra transformés. Chez les producteurs, on sonne la révolte contre ce système inadapté pour les produits du terroir.
L’avènement du Nutri-score pour guider les consommateurs peut-il mettre en péril notre trésor national, la gastronomie du terroir ? Faïza Bossy tire la sonnette d’alarme. La nutritionniste explique que certains produits alimentaires ne peuvent bénéficier de la note A comme l’huile d’olive bien qu’essentielle dans une alimentation équilibrée. Sur le plan nutritionnel, cet outil est loin d’être parfait : il ne prend pas en compte les additifs.
Alors que la réglementation Nutri-Score tend à se normaliser en Europe, le roquefort est en mauvaise posture avec 25% des ventes à l’export. Va-t-on assister à la chute de notre patrimoine culinaire à l’étranger, nos fromages peuvent-ils être blacklistés ?