Nos invités :
- Margot Brunet, journaliste Santé et Science à Marianne
- Mathias Wargon, médecin urgentiste et chef de service à l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis
- Dr Richard Handschuh, médecin généraliste, secrétaire général du syndicat MG Île-de-France.
A l’heure où la violence envers les professionnels de santé est en forte hausse (8% des incivilités seraient encore liées à la crise sanitaire, cite la journaliste Margot Brunet), que les médecins manquent dans certaines zones et que le système hospitalier implose, que faire ? Le rôle du médecin traitant est menacé. Pourquoi s’installeraient-ils dans les déserts médicaux alors qu’ils peuvent accéder à de bien meilleures conditions de travail ailleurs ? « Quand on sous traite les gens et qu’on les paye mal, c’est compliqué de leur demander de bien faire le travail », explique le Dr Richard Handschuh. Or, aucun argent n’est mis sur le service public. Et l’Ubérisation de la société les met en concurrence avec des applications de télé consultation payantes, auxquelles la population fait de plus en plus appel, mais qui sont dangereuses car elles amènent à une « hyper technologie de la santé » selon Mathias Wargon et sont « un drame pour la population », car quelqu’un qui ne connaît pas le patient ne peut pas amener une réponse rigoureuse, complète le Dr Richard Handschuh. Les urgences sont-elles quant à elles devenues le « supermarché de la médecine » ? Dans notre société capitaliste actuelle, s'y rend-t-on à tort et à raison ? Alors qu’en ville, il faut attendre plusieurs jours, « les gens vont à l’endroit où ils vont avoir tous les services d’un coup », analyse le chef urgentiste. Pour que la population aille à l’hôpital non pas parce qu’elle en a envie, mais besoin, un travail de pédagogie et une révision du système de santé seraient nécessaires. A l’approche de l’été, les urgentistes des hôpitaux publiques redoutent en tout cas le pire. Un appel à la grève a été lancé, et certains services d’urgence se préparent déjà à une période particulièrement rude.