Invités :
Pascale Hébel, directrice du pôle Consommation et Entreprise du CREDOC
Maud Descamps, journaliste économie, chargée des questions énergétiques à Europe 1
Béatrice Mathieu, rédactrice en chef à l’Express, en charge du service économie
Les soldes d’hiver commencent ce mercredi 12 janvier. En réalité, de nombreuses enseignes ont déjà entamé les promotions avec leurs traditionnelles ventes privées qui multiplient les offres alléchantes. Autrefois considéré comme un véritable rendez-vous de la consommation, les soldes semblent beaucoup moins attractives. Ceci est notamment lié à la loi de modernisation économique de 2008, qui a permis d’autoriser les promotions sur des biens comme les vêtements ou la décoration. « Il y a tellement de promotions tout au long de l’année, que vendre un article à son prix normal devient presque impossible pour les commerçants. On refuse aujourd’hui d'acheter des articles plein pot. On le voit également avec l’essor des vêtements de seconde-main », commente Maud Descamps. Ces multiples promotions participent à la fidélisation des consommateurs.
Si les soldes paraissent moins attractives, c’est aussi dû à une certaine prise de conscience des dégâts sur l’environnement que provoquent la consommation, parfois frénétique, de vêtements. Pour répondre à cette attente d’une partie de la société, de nombreuses règles voient le jour. Les lois changent. « C’est qu’une partie des consommateurs qui ont cette conscience. Souvent les plus jeunes et très diplômés, qui ont déjà tout », explique Pascale Ebel.
Jeune génération schizophrène ?
Malgré la prise de conscience, la fast-fashion est toujours aussi plébiscitée. Il faut dire que la jeune génération a adopté un tout autre mode de consommation, notamment via les réseaux sociaux comme Tik Tok et des plateformes « d’ultra fast-fashion », souvent en provenance de Chine, qui proposent des vêtements à des prix cassés. « Le consommateur est presque schizophrène, avec à la fois une certaine prise de conscience, mais on a vu à la fin du confinement, des dizaines de mètres de queue devant les enseignes de fast-fashion. Ils veulent les deux », explique Béatrice Mathieu. Le développement du e-commerce ne date pas d'hier, mais a pris une toute autre ampleur depuis le début de la crise sanitaire et la généralisation du télétravail. Cela vise particulièrement les jeunes. Selon les dernières enquêtes, parmi les consommateurs qui ont prévu de faire les soldes, 68% opteront pour des achats sur internet plutôt qu'en boutique.
Cette recherche des prix cassés et d’autant plus accentuée par la contrainte du pouvoir d’achat, malmené en raison de la hausse de prix, depuis la reprise économique, qui s’invite dans tous les domaines comme le gaz, l’électricité ou l’essence mais aussi l’alimentaire. Baromètre de cette augmentation des prix ? La fameuse baguette de pain.