- Valérie Niquet, maître de recherche pour la FRS et auteure de « La puissance chinoise en 10 questions »
- Étienne Leenhardt, chef du service étranger chez France Télévisions
- Anthony Bellanger, éditorialiste chez France Inter spécialiste des affaires internationales
- Patrick Martin-Genier, enseignant à Sciences-Po, spécialiste des questions européennes et auteur de « Vers une nouvelle gouvernance mondiale »
Une rupture de confiance entre alliés : hier soir à l’ONU, Jean-Yves le Drian a de nouveau critiqué avec véhémence l’attitude américaine dans l’affaire des sous-marins. L’Europe sort du silence et prend la défense de la France en dénonçant un traitement inacceptable de la part des Américains.
Le ministre des Affaires étrangères ne décolère pas suite à la trahison américaine qu’il qualifie de « rupture de confiance, de mépris, de duplicité, de mensonge ». Pour Étienne Leenhardt, il s’agit d’une situation inédite qui va au-delà du contrat commercial et qui entache « le partenariat qu’elle [la France] avait commencé à tisser et de sa présence dans cette région ». Un accord brisé qui remet en question les relations préalablement établies entre la France et ses alliés anglophones. Face à ce retournement de situation de la part de son allié historique, Jean-Yves le Drian n’a pas hésité à associer le régime Biden à celui de son prédécesseur Donald Trump. À l’heure où le climat se tend, quelles sont les relations entre Joe Biden et Emmanuel Macron ? Pour celui qui voulait relancer le multilatéralisme avec la fin du mandat Trump, c’est la douche froide indique Patrick Martin-Genier. Cet acte est un manquement à la diplomatie qui peut laisser des traces : « une méfiance vis -à -vis de la France qui a voulu incarner une autre voie alternative pour la défense indo-pacifique ».
Dans son viseur, Joe Biden n’a pas uniquement lancé les hostilités contre la France mais également contre la Chine. Xi Jiping, le président chinois a décidé d’avancer son allocution initialement programmée à l’ONU. Est-ce le début d’une instabilité politique mondiale ? Valérie Niquet souligne qu’il y a « un vrai problème chinois ». Pour la maître de recherche, la mise à mal du contrat des sous-marins est une « erreur stratégique » qui pousse la France à se replier quant à une éventuelle stratégie indo-pacifique contre la dictature chinoise aux côtés de ses alliés anglo-saxons. Et de poursuivre « il y a eu une prise de conscience sur le rôle de la Chine dans le monde de manière globale ».
Alors qu’Emmanuel Macron prend la présidence de l’Europe en 2022, que peut-on attendre des États-Unis ? Pour Anthony Bellanger, la France n’obtiendra rien de cette perte de contrat. Pour autant, le journaliste affirme que cela ne remet pas en cause le fait que la France reste « une puissance militaire et une puissance diplomatique alternative qui compte dans le monde ». Le chef du service étranger de France Télévisions préconise d’oublier le « rêve indo-pacifique » pour se recentrer sur l’Europe.