Invitées :
Audrey Goutard, cheffe du service adjointe enquête et reportage à France Télévisions
Virginie Girod, historienne spécialiste des femmes et de la sexualité, autrice des Ambitieuses, 40 femmes qui ont marqué l’Histoire par leur volonté d’exister (M6 éditions)
Marilyne Baranes, docteure en psychologie clinique et psychopathologie, spécialiste des traumatismes et experte à la Cour d’appel de Paris
Le nouveau gouvernement se retrouve fragilisé par les accusations de viols à l’encontre de Damien Abad. Après le premier Conseil des ministres qui s’est tenu lundi, Olivia Grégoire a pris la parole lors d’un point presse. « La justice est la seule à devoir et à pouvoir trancher », a martelé la porte-parole du gouvernement. Quant au nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, il s’est exprimé dans une interview accordée au Figaro, après s’être dit « innocent » et avoir renoncé à sa démission. « Cette plainte ressurgit à chaque moment politique clef de ma vie », a déclaré l’ancien patron des députés LR. Si ces affaires sont dévoilées au grand public à l’occasion de sa nomination au gouvernement, Damien Abad est l’objet de plaintes pour viols depuis 2012 et 2017. « Son entourage était au courant. [...] C’est vrai qu’à chaque étape où Damien Abad est apparu publiquement, ces affaires sont ressorties. Ça a été évoqué, mais jusque-là, on n’en a pas fait grand chose, ça n’a pas été saisi par les politiques », souligne la journaliste Audrey Goutard. Pourtant, s’il n’y a pas eu de condamnation judiciaire, cette latence est compliquée à tenir dans les affaires d’accusations de viols. « On a envie d’une classe politique qui donne l’exemple, qui n’a pas de casserole, et surtout qui ne s’attaque pas aux femmes, parce que le premier quinquennat d’Emmanuel Macron était quand même tourné vers la cause féminine. Donc là, c’est une sorte de camouflet qui est envoyé aux femmes », signale l’historienne Virginie Girod.
Dans son témoignage auprès de Mediapart, l’une des plaignantes évoque des SMS « très insistants » reçus de la part de Damien Abad. « C’est aussi aux pouvoirs publics et à la justice d’entendre qu’il ne faut pas attendre d’aller jusqu’à l’agression sexuelle ou physique. Avoir ce genre de petit texto, c’est déjà une agression, et elle doit être condamnable à ce titre », revendique la psychologue Marilyne Baranes. Une chose est sûre : la parole des femmes se libère. Encore faut-il que les victimes présumées soient écoutées.