Description

Invitées : 

Audrey Goutard, journaliste spécialiste des faits de société

Isabelle Steyer, avocate spécialiste des violences faites aux femmes

Laura Slimani, directrice du pôle projets de la Fondation des femmes

Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologique 

« Je suis un violeur comme ceux qui sont dans cette salle. Ils savaient tous ». Cela faisait six jours que Dominique Pélicot n’était pas apparu devant la cour criminelle du Vaucluse pour des raisons de santé. Le principal accusé de l’affaire Mazan a été entendu pour la première fois le mardi 17 septembre. Gisèle Pélicot, celle qui a refusé le huis clos dans le but de faire changer la honte de camp, a affronté les révélations de son mari toute la journée. Une affaire hors normes qui intéresse le monde entier. L’homme de 71 ans comparait pour soumission chimique sur sa femme durant neuf ans afin de la violer et la faire violer par d’autres hommes, recrutés sur internet. Dominique Pélicot a reconnu l’entièreté des faits avant d’incriminer ses coaccusés. Parmi les cinquante hommes : des infirmiers, ingénieurs, pompiers ou militaires, âgés de 26 à 73 ans. Pendant son audition, Dominique a évoqué les abus sexuels qu’il a subis enfant et la violence de son père avant de demander pardon à son ex-femme.


Audrey Goutard, qui a eu accès aux documents de la garde-à-vu, affirme que son discours n’a pas changé. « Le ‘je m’excuse’, ça n’est pas nouveau », indique-t-elle. La journaliste rappelle qu’il faut prendre ses déclarations avec du recul puisque c’est un manipulateur : « Il ne reconnaît rien de plus que ce qu’on lui a mis sous le nez. » En effet, face aux photos de la fille du couple, Caroline Darian, nue, retrouvées dans l’ordinateur de l’accusé, celui-ci ne reconnaît rien. Le récit de l’enfance de Dominique Pélicot, marqué par la violence et les abus, pourrait-il expliquer ses actes ? Face à cet argument, la psychiatre Muriel Salmona répond : « L’immense majorité des victimes ne vont pas reproduire : il y a un choix. » Un positionnement partagé par Laura Slimani : « Toutes les victimes ne reproduisent pas, et notamment les femmes ». La directrice du pôle projets de la Fondation des femmes mentionne la culture du viol masculine, « cette éducation à exercer cette violence sur les femmes et de manière sexuelle ». L’avocate Isabelle Steyer, confrontée chaque jour aux violences faites aux femmes, fait le même constat : « On a constamment cette récurrence-là : le contrôle de sa femme, de ce qu’elle fait, de sa sexualité ».