Description

En 1981, Georges Brassens casse sa pipe quelques mois après Bob Marley, mais Joy Division renaît de ses cendres sous le nom symbolique de New Order, tandis que Charles et Lady Di se marient et que nous faisons, au cinéma, la connaissance d’un bel aventurier goguenard nommé Indiana Jones. IBM commercialise le premier ordinateur personnel au moment où les voitures, en Europe, peuvent se doter d’airbags. Aux États-Unis, une revue scientifique parle d’une étrange maladie nommée sida et une chaîne de télévision musicale nommée MTV se lance avec un clip des Buggles intitulé Video Killed The Radio Star. Au même moment, dans notre beau pays de France, la gauche accède au pouvoir, la peine de mort est abolie et les ondes radiophoniques se libèrent ; il était temps, à vrai dire, parce que sur la bande FM hexagonale, on entend surtout Les lacs du Connemara, Tata Yoyo, Couleur menthe à l’eau ou la bande-originale de La Boum.


BOUM. En 1981, entre les sous-sols de France Culture et un tout petit studio du quartier de la Villette à Paris, Radio Nova jaillit du rapprochement progressif des équipes de Radio Ivre et Radio Verte, vite rejointes par les journalistes d’avant-garde du magazine Actuel, à la recherche de ce tout qui est « nouveau et intéressant » aux quatre cents coins de la planète – avec parfois 400 000 exemplaires vendus par mois. Comme l’a écrit Jean-François Bizot, l’exubérant et charismatique cofondateur de ce journal et de la station, cette radio entend « faire danser tous les cabillauds congelés » en jouant « Fela Kuti, le funk, la new wave, Tuxedo Moon, Kraftwerk » et « remettre Paris à l’heure en assumant son vaudou », au gré d’une antenne « chaude et froide comme les années 80 ! »


De leur côté, Andrew Orr et Jean-Marc Fonbonne, tout comme Catherine Lagarde, Eve Couturier ou Jean-Jacques Palix, multiplient collages et brouillages dans un génial esprit de cut-up à la suite du stupéfiant William S. Burroughs, auteur du roman Nova Express en 1964 – auquel la radio emprunte son nom de baptême. Un son unique est né. Nova novatrice, pour toutes les oreilles. 


« Nous, on était modernes », comme le rappelle Thierry Planelle, l’un des premiers programmateurs musicaux et « activistes » de Radio Nova, dont nous avons placé la voix sur notre tout premier générique – lui-même fabriqué à partir d’une création de Laurie Anderson. Rester moderne, au fil de quatre décennies et au-delà. Créneau désirable, crédo durable. En 2021, Radio Nova a soufflé ses 40 bougies et enclenché un chantier à sa démesure : produire un documentaire de quarante épisodes pour raconter, année par année, les joies, les peines, les folies, les gloires et les rayures d’une radio « pas pareille », adepte endurante de « la liberté bordélique, spécialité maison ». Un an et 93 interviews plus tard, nous y voilà. Bienvenue dans La Danse du Zèbre.


Réalisation, mixage : Benoît Thuault.