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Aujourd’hui j’avais envie de vous parler de ma réalité.

Je reçois constamment des messages pour savoir comment on gère 3 enfants en bas-âge.
Si on prend un gros risque parce qu’on fait plusieurs enfants rapprochés…

J’avais donc envie de prendre le temps de vous raconter MA réalité de mère active de 3 enfants, bien trop actives elles aussi… et souvent malades… et qui a mis au monde 2 êtres humains pendant la pandémie.

Je voudrais tout de suite mettre fin au mythe selon lequel on pourrait tout avoir, en tant que mère et femme, dans cette société. Je pense sincèrement que c’est faux.
On peut tout avoir mais sûrement pas en même temps. Il y a des sacrifices à faire, des parties de sa vie à prioriser. Accepter ce paramètre enlève beaucoup de culpabilité dans les premières années intenses de vie de nos enfants.

J’en ai d’autant fait l’expérience que j’ai eu 3 enfants en 4 ans et demi dont les 2 dernières en 17 mois.

Si on fait le calcul, j’ai eu le temps de reprendre mon souffle entre ma première et ma deuxième, puisqu’elles ont pile 3 ans d’écart et pourtant c’était déjà difficile à l’époque.
Mais ensuite, j’ai enchainé. J’allaitais toujours Jasmine quand je suis tombée enceinte de June, ma dernière. Si ça vous intéresse je raconte mes 2 accouchements à la maison dans les épisodes 105 et 66 ainsi que mon 3e postpartum dans l’épisode 106.
Mes 2 dernières filles donc, ont 17 mois d’écart, je suis tombée à nouveau enceinte 8 mois après mon deuxième accouchement. Ce qui fait que de Décembre 2019 à Octobre 2022 j’ai soit été enceinte, soit j’ai allaité.

Cela fait donc, seulement, un an que je commence petit à petit à me réapproprier mon corps.

Mais si on prend en compte la définition d’Anna Roy du postpartum qui dure 3 ans, je suis encore en plein dedans! Ce qui a du sens. Je le sens.


Maintenant regardons les chiffres des familles avec 3 enfants en France.

Une famille sur 5 est une famille nombreuse, c'est-à-dire + de 3 enfants.
Ce sont un peu moins d’un million d’enfants mineurs qui vivent dans des familles de 3 enfants en 2020. En baisse depuis 1990.
A titre de comparaison, 45% des familles sont composées d’un seul enfant : en 2020 il y a 3 592 900 enfants qui sont enfant unique.
Et ils sont près de 3 millions à avoir 1 frère ou une sœur au sein de leur fratrie.

Autre statistique très intéressante, elle concerne le taux d’emploi des mères en fonction du nombre d’enfants : en 2020, alors que le taux d’emploi des mères d’un enfant s’élève à 70,2 %, celui des mères de deux enfants est de 65,5 % et celui des mères de trois enfants ou plus, chute à 36,2 %.

Je fais donc partie de la minorité qui travaille avec 3 enfants en bas-âge.

Sauf que la première année de vie de ma dernière fille, je n’ai quasiment pas travaillé, ou alors de manière sporadique. C’était trop intense, j’étais épuisée et il m’était impossible de tout conjuguer.

Donc si vous avez 3 enfants et + , sachez que statistiquement seules 4 femmes sur 10 travaillent les premières années de vie de leurs enfants.
Les chiffres évoluent et s’inversent une fois que le/la dernière a 3 ans, puisque 66% des femmes sont à nouveau sur le marché du travail à partir de ce moment-là.

C’est vraiment une donnée à prendre en compte quand on veut comprendre pourquoi cela reste difficile d’avoir 3 enfants en bas-âge.

Je précise encore une fois, je parle de mon exemple, j’ai des ressources financières conséquentes ce qui me permet de pouvoir travailler à mi-temps quand j’en ai envie sans que cela n’impacte trop mes revenus, mais cela impacte la progression de ma carrière.

Donc revenons à nos moutons maintenant que l’on sait  qu’avoir 3 enfants petits, peut impacter votre carrière.


J’aimerais vous parler d’abord des difficultés avec son lot de galères d’élever 3 enfants et ensuite des bonheurs incroyables et où ils se logent.

Devoir se diviser en 3 quand on a des enfants qui ont des demandes normales et légitimes vu leur âge, peut rendre fou. J’en ai fait l’expérience.
Si je devais résumer : avec un enfant j’étais assez calme, avec 2 enfants j’ai commencé à crier, avec 3 enfants je me suis mise à hurler…
C’est violent dit comme ça, mais c’est la réalité malheureusement.

La première raison c’est le manque évident de sommeil. Tous les enfants n’ont pas le même rapport au sommeil. Dans notre famille, nous venons de traverser 3 années sans, quasiment, une nuit complète. Au même moment nous avons accueillies nos 2 dernières filles, traversé une pandémie mondiale, l’hospitalisation pendant 15 jours de notre dernière et pendant 5 jours de notre 2e et ensuite la découverte des asthmes sévères des 3, avec traitements lourds quotidien… voilà le contexte.

Donc des enfants malades, extrêmement souvent.
Il y a eu des mois entiers où j’étais incapable de travailler tellement la fatigue était immense. J’ai fait comme j’ai pu mais il a fallu que je me rende à l’évidence, je n’étais pas en capacité de fournir un travail intellectuel à ce moment-là et pourtant mes filles étaient toutes gardées ou à l’école.

Je dirai que la première année de June a été la plus difficile et intense de ma vie, en termes de demande émotionnelle et de fatigue. Si vous ajoutez à ça le fait que j’ai été maman solo pendant 9 mois, c’était le cocktail parfait pour que mes comportements envers mes enfants ne soient pas à la hauteur.

Je ne pensais pas pouvoir être une mère qui pète les plombs et qui décharge sa colère, tristesse et frustration sur ses enfants. Et pourtant, c’est ce qu’il s’est passé ces derniers mois. J’ai fait du mal à mes enfants, je le sais.

J’ai vu l’impact de ma dureté envers elles et j’ai d’autant plus la conviction qu’accompagner nos enfants vers une éducation respectueuse est la meilleure façon pour qu’ils soient heureux. J’ai été poussée dans mes retranchements, dans des moments sombres de ma parentalité. Et le changement a dû venir de moi et pas de mes enfants, elles n’y étaient pour rien.


A partir du moment où j’ai pris bien mieux soin de moi, où j’ai fait un travail intense en thérapie pour comprendre mes émotions et mon enfant intérieur, mes comportements se sont apaisés et sont revenus à une presque normalité.

Aujourd’hui je suis beaucoup plus calme, les demandes de mes filles sont plus gérables aussi et nous sommes 2 parents en permanence à la maison. Cela change tout.
Être en sous nombre est une vraie difficulté avec des tout-petits. Il faut le reconnaître. Quand on se retrouve parfois à avoir 1 ou 2 enfants, on se dit que c’est tellement facile la charge que ça demande.


La dernière difficulté dont je voulais parler est celle d’être le Parent par défaut.
Peu importe qu’on soit la mère ou le père, c’est tellement dur d’être leur safe place. D’être la seule qu’elles veulent la nuit. Ça amène de grosses frustrations dans le couple et chez l’autre qui peut se sentir rejeté.
Moi, je me sentais surtout en trop plein de demandes. Mon rythme de vie + la séparation a aussi joué sur le fait que j’étais leur safe place en permanence. Et c’est EPUISANT !
On n’a plus la force ni l’énergie de répondre à leurs demandes correctement.
Il y a des périodes avec plus ou moins d’intensité sur ce schéma de parent par défaut. Parfois la semaine est équilibrée et parfois, elles ne veulent que moi. Je sais aussi que ça passe et c’est très agréable quand l’autre peut prendre le relais et qu’elles se sentent en sécurité.


Cela fait 20 mois maintenant que l’on a 3 enfants et personnellement je trouve que ça devient génial.
Je me souviens qu’avant m on accouchement ma sage femme nous avait dit : “ ça va être dur la première année, faut serrer les dents, après ça sera plus simple”. Je l’ai ressenti. A 12 mois postpartum, June devenait un peu plus autonome et le rythme était moins soutenu.

Maintenant, nos filles jouent beaucoup ensemble et sont sur le même rythme de vie, pour les 2 plus petites. C’est un gros kiffe.
Je peux le dire, même si le sommeil est encore chaotique, la joie que ça apporte au quotidien d’avoir cette petite soeurerie.

Avoir plusieurs enfants, ça amène des conflits entre elles, c’est vrai, mais on ne parle pas du tout du fait qu'elles jouent énormément entre elles et qu’elles sont donc moins sollicitantes.

Elles font leur vie et apprennent à vivre entre elles. Il y a une vraie complicité qui nait de leur trio. C’est beau à voir, à observer.
Elles apprennent l’une des autres. C’est aussi super intéressant en tant que parents de découvrir des traits de caractère différents et de se rendre compte que tel ou tel comportement n’a rien à voir avec leurs âges mais bien leur propre identité qui se forme.
Voir à quel point son enfant est différent de l’autre, ça remet tout en perspective. Et ça ajoute à la complexité de les élever on ne va pas se mentir haha
Dans un trio c’est assez drôle de voir la grande être très très proche de la petite, en mode maman, la petite admirer la moyenne, et la moyenne s’épanouir à être la grande qui montre l’exemple à la petite.
Elles s’autorégulent émotionnellement aussi. Quand une pleure, y’en a forcément une des 3 qui va aller la voir et lui faire un calin, c’est super chou.
Quand elles sont séparées, elles demandent en permanence où sont les autres et expriment très clairement être triste de ne pas les voir.


Je dirai qu’aujourd’hui les bénéfices d’avoir 3 enfants sont plus importants que les sacrifices.
Mais parce qu’elles grandissent et que l’intensité s’amenuise. Parce qu’aussi je me sens redevenir moi-même au fur et à mesure.

Parce que La Matrescence que j’ai vécu intensément depuis 6 ans colle avec celle que je suis aujourd’hui.
Je suis à l’aise dans mes baskets. Je suis en phase avec ma vie, que je trouve géniale.
Pour résumer, je dirai que la plus grosse difficulté est le sous nombre et l’attention que l’on est capable de donner.

Je pense aussi que si vos enfants dorment bien cela change tout.


Je réalise aussi qu’avoir 3 enfants petites, c’est accepter que l’on doit ralentir sa carrière un moment. Je le dis en tant que femme, simplement parce que votre corps a enchainé pendant des années et que reprendre tranquillement vous permettra sur le long terme de mieux gérer. Et parce que vous le méritez.
Ca ne règle pas les inégalités dans le couple hétérosexuel, c’est sûr. Mais il faut aussi penser à soi, à sa santé physique et mentale. J’ai fait l’erreur de reprendre vite, de croire que c’était gérable de tout faire. De mon point de vue, ça ne l’est pas.
A vouloir être partout, c’est notre santé qui trinque et nos enfants qui souffrent de notre nervosité. Je trouve que ça ne vaut pas le coup.

Donc faire 3 enfants, c’est dur, c’est un immense travail et bonus à la clé, ça te renvoie à tes blessures d’enfance que tu ne voulais pas affronter, cadeau!

Et au final, l’équilibre fini par arriver, il faut être patient et indulgent avec soi-même.

Maintenant j’ai la sensation qu’une deuxième partie de ma parentalité s’ouvre pour être plus à l’aise sur ce fil d’équilibriste.

Merci de m’avoir écoutée.



Pour retrouver les données citées dans l’épisode.

Les livres mentionnées par Clémentine :
Le syndrome de la femme pressée - l'impact des to-do-lists infernales sur votre santé, Dr. Libby Weaver
Fast like a girl, Dr. Mindy Pelz


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