Aaron Sorkin est un créateur touche-à-tout : scénariste, producteur, dramaturge et réalisateur. Peu connu en France, il est considéré aux États-Unis comme un des grands créateurs de sa génération.
S’il fallait le resituer en deux œuvres célèbres, on pourrait rappeler qu’il a été le showrunner de la série A la Maison-Blanche, pour ses quatre premières saisons, et le scénariste du film de David Fincher sur Mark Zuckerberg : The Social Network.
L’œuvre d’Aaron Sorkin est marquée par une forme d’idéalisme ou de romantisme, écrivant pour ses personnages des dialogues où ils ont une haute idée de leur métier, des valeurs qu’il faut défendre, par exemple les valeurs démocratiques, et une haute idée du collectif et de ses ressources.
Le principe cardinal chez Sorkin est qu’il faut toujours élever le niveau de ce qu’on fait, aller vers le plus exigeant et le plus difficile Et Sorkin se l’applique à lui-même en visant l’intelligence et la culture du spectateur dans tout ce qu’il produit. Toutes les séries qu’il a écrites se déroulent dans un univers professionnel toujours sous pression, par exemple des journalistes dans leur salle de rédaction ou le staff du président dans à la Maison-Blanche.
Très souvent il s’agit d’univers clos, où l’urgence est permanente et où le rythme trépidant de l’activité est rendu dans des dialogues qui fusent. Sorkin ne sait pas écrire des scènes d’action ; il le dit lui-même. Mais il est une dialoguiste hors-pair, car c’est par les dialogues qu’il fait passer les enjeux narratifs, les arguments et nombre de références culturelles ou politiques qui ancrent ses personnages dans des filiations précises.
Parmi ces filiations se trouvent celle qui fait de l’Amérique le lieu où l’inventivité et la conviction doivent pouvoir triompher du conformisme et des pesanteurs. Il n’est dès lors pas étonnant de voir Aaron Sorkin filmer des procès, des salles de presse et bien sûr le cœur même du pouvoir et de la démocratie.