Emmanuel Taïeb reçoit la politiste Vanessa Jérome, qui vient de publier Militer chez les Verts (Presses de Sciences Po, 2021).
Les formations partisanes écologistes se sont considérablement professionnalisées ces vingt dernières années. Au point de devenir une force politique crédible, qui a réussi à obtenir plusieurs ministères et qui a conquit plusieurs villes d’importance, comme Lyon et Bordeaux, sans oublier la ville pionnière, Grenoble. Europe-Ecologie-les-Verts s’est considérablement structuré, proposant à ses membres des formations, et leur garantissant désormais une carrière interne dans le parti et une possible carrière élective. Ce parti a réussi à intégrer des militants venant d’horizons très divers, et a théorisé les meilleurs échelons pour s’aguerrir.
Mais la professionnalisation politique ne se fait pas sans frictions, car elle reste perçue comme synonyme de compromissions et de trahisons pour certains militants écologistes. Des exemples récents illustrent bien cette ambivalence : Cécile Duflot démissionne du Ministère de l’Égalité du gouvernement Ayrault après 22 mois d’exercice, et Nicolas Hulot quitte le Ministère de la Transition écologique au bout de 15 mois. En revanche, quand Emmanuelle Cosse rejoint le Ministère du Logement du gouvernement Valls, c’est elle qui est immédiatement exclue du parti. L’exercice du pouvoir reste la marche que les Verts ont le plus de mal à monter.
Les cadres écologistes conservent en effet un habitus minoritaire, qui les voit parfois se replier sur eux-mêmes, diaboliser la politique, mais aussi être attaqués sur la cohérence entre ce qu’ils défendent et leur mode de vie personnel. Cet habitus fait cependant tenir le parti et renforce l’engagement collectif. Alors, qu’est-ce qu’être une femme ou un homme politique professionnel de l’écologie ?