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Enregistré le vendredi 26 octobre avec Nicolas Baverez, essayiste et avocat, Lucile Schmid, co-présidente de la Fondation verte européenne (Green european foundation) et contributrice à la revue Esprit et Michaela Wiegel, correspondante à Paris du Frankfurter Allgemeine Zeitung

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Allemagne : dernière chance pour la coalition ? 

Le 14 mars dernier, les députés fédéraux allemands confiaient un quatrième mandat de chancelière à Angela Merkel après 12 ans d’exercice du pouvoir. Après cinq mois de négociations, les chrétiens-démocrates (CDU-CSU) formaient une nouvelle grande coalition de gouvernement avec les sociaux-démocrates (SPD) ce malgré les mauvais résultats électoraux de leur partenaire en septembre 2017. Moins d’un an plus tard, la chancelière doit surmonter de nombreuses difficultés. 

Dès septembre, Angela Merkel a du accepter que son groupe parlementaire évince de sa présidence l’un de ses proches, Volker Kauder, qu’elle avait qualifié quelques jours plus tôt d’« irremplaçable ». Elle a été affaiblie par les critiques de plus en plus vives contre sa politique migratoire formulées par le ministre de l’intérieur Horst Seehofer, pourtant issu des rangs de la CSU qui constitue l’allié électoral historique de la CDU en Bavière. 

Le 14 octobre, ces dissensions ont été aggravées par un revers électoral historique de la CSU en Bavière, où elle a perdu la majorité absolue qu’elle détenait au parlement régional depuis 1962. Cette déconfiture a profité aussi bien au parti d’extrême droite Alternative für Deutschland qu’au parti écologiste des Verts qui pourrait tirer profit à l’échelle national du recul progressif du SPD qui n’a pas dépassé 10% des voix en Bavière. 

Les élections régionales qui ont lieu ce dimanche en Hesse revêtent une importance particulière pour la coalition gouvernementale. Si un nouveau revers électoral venait sanctionner le parti de la chancelière, la presse allemande s’est faite l’écho de la possibilité qu’elle ne soit pas reconduite à la tête de son parti lors du congrès qui doit se réunit à Hambourg le 6 décembre prochain.     


L'affaire Khashoggi 

Mardi dernier, s’exprimant au parlement sur l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que l’éditorialiste du Washington Post avait été victime d’un « meurtre sauvage » et « planifié ». Il a appelé les autorités saoudiennes à participer plus activement au déroulement de l’enquête en cours pour mettre à jour les responsables de cet assassinat.  

Riyad avait d’abord nié la mort du journaliste puis réfuté qu’elle ait été le fait d’un homicide, avant d’évoquer une « opération non autorisée ». Depuis, le royaume dirigé par la famille Salman a été marginalisé diplomatiquement y compris par nombre de ses partenaires diplomatiques habituels. Plusieurs membres de l’administration Trump dont le secrétaire d’État Mike Pompeo ont condamné l’assassinat de Jamal Khashoggi tout en préférant recourir à des sanctions individuelles qu’à des mesures de rétorsions commerciales.  

Cette déstabilisation est intervenue à la veille de la deuxième édition du forum économique « Futur Investment Initiative »,  surnommé le Davos du désert qui devait réunir cette semaine le monde financier et économique à Riyad et marquer l’intention du prince héritier Mohammed Ben Salman de sortir l’économie du pays de la dépendance au pétrole. Le boycott de la manifestation par de nombreux dirigeants d’entreprise et de nombreux médias occidentaux au premier rang desquels le Financial Times a porté un coup à la stratégie de communication internationale du prince héritier autour de son vaste plan d’investissement national baptisé « Vision 2030 ». 

En incriminant le royaume d’Arabie saoudite sans nommer expressément les membres de la famille régnante, c’est le président Erdogan qui apparaît à l’heure actuelle comme le bénéficiaire principal de cette affaire dont il fait un instrument de rééquilibrage de son rapport de force avec l’Arabie saoudite et leur allié américain, avec qui il reste en conflit sur de nombreux dossiers géopolitique qui vont de l’embargo imposé au Qatar par l’Arabie Saoudite depuis l’été 2017 à la réintégration de l’Iran dans le concert des nations.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr