Description

CLIMAT : LA CONVENTION DÉCHANTE


Le projet de loi « Climat et résilience », a été présenté le 10 février en Conseil des ministres. Selon le gouvernement, ce texte reprend près de la moitié des 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat, destinées à réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici à 2030 par rapport à 1990. La Convention citoyenne pour le climat, composée de 150 citoyens tirés au sort parmi les Français a été constituée en octobre 2019 par le Conseil économique, social et environnemental sur demande du gouvernement. Elle est censée représenter « une France en miniature ». Parmi les diverses mesures prévues par le projet de loi, figure notamment pour les produits et services commercialisés en France, une obligation d'affichage de leurs caractéristiques environnementales ; l'objectif de consacrer 20% de la surface de vente des commerces de plus de 400 mètres carrés au vrac à partir de 2030 ; l'extension en 2025 à la restauration collective privée de l'obligation d'utiliser 50% de produits durables et 20% bio ; une « trajectoire » de réduction des émissions dues aux engrais agricoles azotés. Le texte interdit en outre la publicité en faveur des énergies fossiles, et attribue au Conseil supérieur de l'audiovisuel la mission de promouvoir des « codes de bonne conduite visant à réduire efficacement les communications commerciales audiovisuelles relatives à des produits ayant un impact négatif sur l'environnement ». Il crée également un délit général de pollution de l'eau et de l'air, qualifié « d'écocide » lorsque les faits sont commis de manière intentionnelle.  

Réunie pour la dernière fois en visioconférence du 26 au 28 février 2021, la Convention citoyenne sur le climat a été appelée à voter, sur une échelle de 0 à 10, sur la prise en compte de 47 « objectifs » et des six grands thèmes sur lesquels ils ont travaillé puis à répondre - toujours par vote - à quatre questions plus générales, tirant le bilan de l'exercice. La thématique « se loger » a obtenu une moyenne de 3,4 sur 10, « produire et travailler », « se nourrir » et « se déplacer » 3,7 chacune, consommer 4 et les propositions sur la gouvernance 4,1. S'agissant de leur appréciation de la prise en compte par le gouvernement de leurs propositions, la note est rude : 3,3 sur 10. A l'interrogation « dans quelle mesure les décisions du gouvernement relatives aux propositions de la Convention citoyenne sur le climat permettent-elles de s'approcher de l'objectif fixé » par le président de la République, les conventionnels ont accordé un 2,5.

Le projet de loi « Climat et résilience sera débattu à l'Assemblée à partir du 29 mars pendant trois semaines. De nombreux amendements sont attendus ; le gouvernement souhaite l’adoption définitive de ce texte fin septembre.


***


MOYEN-ORIENT : UNE NOUVELLE POLITIQUE AMERICAINE

Pour « recalibrer » la relation de son pays avec l'Arabie saoudite, le président américain dialoguera avec le roi Salmane, et non avec le prince héritier Mohammed. La campagne militaire saoudienne au Yémen, n’est plus soutenue par les États-Unis car elle a créé « une catastrophe humanitaire et stratégique ». Les rebelles yéménites houthistes, alliés de l'Iran, ont été retirés de la liste des organisations terroristes, où les avait placés la précédente administration. Washington a, publié le 26 février un rapport sur l'assassinat de Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien tué et démembré au consulat saoudien à Istanbul en 2018. Des sanctions contre plusieurs hauts dignitaires du royaume ont été annoncées, mais rien contre le prince héritier. Fin janvier, le nouveau gouvernement américain a suspendu des ventes d'armes à l'Arabie saoudite et des F-35 aux Émirats arabes unis afin de « réexaminer » la décision prise sous la présidence Trump. Toutefois, Joe Biden ne remet pas en cause la volonté d'installer trois nouvelles bases américaines dans l’ouest de l’Arabie saoudite en prévision d'un potentiel conflit avec l'Iran.

Avec l’Iran, les États-Unis se disent prêts à entamer des discussions informelles en liaison avec l'Union européenne. Joe Biden a levé le 18 février les restrictions aux déplacements à New York des diplomates iraniens auprès de l'ONU imposées par Donald Trump. Le démocrate compte se concerter avec ses alliés occidentaux, à rebours de son prédécesseur. Soutenu en cela par Paris et Londres, Washington exige que les discussions avec Téhéran portent sur son programme de missiles balistiques et son ingérence régionale au Liban, en Syrie, au Yémen et en Irak). L’Iran s'y refuse absolument, estimant qu'il s'agit de dossiers clés pour sa sécurité.

Au sujet du conflit israélo-palestinien, si l'ambassade américaine va rester à Jérusalem, la réouverture du bureau de l'OLP à Washington et celle d'un consulat américain à Jérusalem-Est laisse présager une différence d'attitude vis-à-vis des Palestiniens.

En Syrie, « l'administration Biden cherche à promouvoir un "règlement politique" multilatéral pour mettre un terme à la guerre», qui entre dans sa dixième année, indiquant dans le même temps que Washington « continuera à utiliser les sanctions comme outil de pression ».

A propos de la Turquie, le président Biden a dénoncé la politique répressive en matière de droits de l'homme menée par Recep Tayyip Erdogan, tandis que son administration a laissé entendre à plusieurs reprises que la possession par Ankara du système de défense antiaérienne russe S-400 était incompatible avec son rôle de membre de l'Otan.

En Afghanistan, l’administration américaine ne s'est pas encore prononcée sur un possible maintien de ses troupes. Joe Biden doit décider s'il souhaite continuer sur le chemin d'un accord signé par l'équipe de Donald Trump avec les talibans en 2020 après vingt ans de guerre.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr