Description

A la mort de Jacques Chirac, annoncée le 26 septembre, c’est la longueur, la diversité et la singularité d’une vie politique de quarante ans, marquée par une quantité rare de variations, de fluctuations, de résultats et de fiascos, de grandeur - le refus de la guerre en Irak – et d’abandon – la fracture sociale – qui viennent se mélanger ou s’affronter dans nos mémoires où s’imprime l’image d’un chef d’État aux expressions protéiformes.

Enregistrées au lendemain de l’annonce du décès de l’ancien président de la République, ancien maire de Paris, ancien Premier ministre et ancien président du Conseil général de Corrèze, nos réactions sont presque aussi contrastées que sa carrière.


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Son parti, la Ligue du nord, ayant nettement distancé aux élections européennes son allié au gouvernement, le Mouvement 5 étoiles, Matteo Salvini, en rompant l’accord de gouvernement, pouvait attendre beaucoup d’une dissolution de la chambre des députés et de nouvelles élections pour lesquelles les sondages lui promettaient une large victoire. Un accord de son ancien allié avec une formation de centre gauche, le Parti Démocrate, accord soutenu par le président de la république italienne Sergio Mattarella, a fait échouer la manœuvre du leader de la Ligue. Giuseppe Conte, proche du Mouvement 5 étoiles, demeure président du Conseil à la tête d’un gouvernement largement remanié. La cote de popularité de Matteo Salvini a chuté de 15 points en un mois, bien que son parti reste le favori des sondages.

L’alliance avec le Parti démocrate marque un spectaculaire revirement pour le M5S dont le cœur du discours était le rejet du Système en général et du Parti Démocrate de Matteo Renzi en particulier. Initiateur de l'alliance Parti Démocrate / Mouvement 5 étoiles, l'ancien Premier Ministre Matteo Renzi a annoncé le 16 septembre quitter le Parti Démocrate avec une trentaine de parlementaires tout en maintenant son soutien au gouvernement.

Les relations Franco-italiennes s’étaient fortement détériorées sous le premier gouvernement Conte, Emmanuel Macron dénonçant il y a peu en Salvini le symbole de la « lèpre qui monte en Europe » tandis que Luigi di Maio affichait ouvertement son soutien au mouvement des gilets jaunes. Lors du déplacement du président français à Rome le 18 septembre, Emmanuel Macron et Giuseppe Conte ont affiché leurs convergences sur le conflit libyen et l'immigration, très loin des discours anti-migrants de Matteo Salvini.

En attendant une éventuelle réforme des accords de Dublin qui prévoient le traitement de la demande d'asile par le pays d'entrée des immigrants, réforme soutenue par la France et l'Italie, Rome a rouvert ses ports aux navires de sauvetage en mer. Dimanche 22 septembre, l'Italie a autorisé le débarquement du navire humanitaire Ocean Viking en Sicile.

Avec l’Union européenne, le changement de rhétorique du gouvernement italien devrait favoriser un apaisement des relations. Prochain sujet délicat : le président du conseil italien devra présenter à Bruxelles le 15 octobre prochain son projet de budget pour l'année 2020 qui ne devrait pas être plus équilibré que le précédent.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr