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ETATS-UNIS : DES ELECTIONS SOUS CONDITIONS.

 

 

Dans un contexte de triple crise - sanitaire, économique et raciale- la campagne électorale pour les présidentielles américaines a pris un tour chaotique avec le premier débat, le 29 septembre, entre le président américain et l'ancien vice-président. Un débat jugé par la presse américaine comme le pire dans l'histoire récente du pays. Selon la chaîne de télévision « CNN » le perdant a été la démocratie, tandis que le magazine Time a titré « Annulez les deux prochains débats ». Depuis plusieurs mois, Donald Trump est à la peine dans les sondages. Il accuse un retard important et durable : entre 4,5 et 10 points sur son concurrent démocrate, tandis que 65 % des Américains déclarent ne pas avoir confiance en lui pour la gestion de la pandémie. Donald Trump est également rejeté massivement par l’électorat féminin : d'après un récent sondage duWashington Post et ABC News, Joe Biden est en tête de 24 points chez les femmes, contre seulement 4 chez les hommes. Toutefois, le mode indirect du scrutin ne permet pas de tirer des conclusions sûres de ces sondages. En 2016, ils prédisaient justement une victoire en voix d’Hilary Clinton que de mini-déplacements locaux ont finalement infirmée. 

De nombreux observateurs se demandent si Donald Trump acceptera les résultats des urnes, s’ils lui étaient défavorables. Lors d’un point de presse le 23 septembre, lorsqu’il lui a été demandé s’il était prêt à s’engager pour un transfert pacifique du pouvoir dans le cas d’une défaite, le président des Etats-Unis a refusé de répondre par l’affirmative. « Nous allons devoir voir ce qui se passe », s’est-il contenté d’assurer. Il a également averti qu'il était persuadé que les tribunaux allaient jouer un rôle déterminant dans l'élection. Un contexte qui rend d'autant plus importante la nomination d'une nouvelle juge à la Cour suprême, en remplacement de Ruth Bader Ginsburg décédée le 18 septembre, Au sommet de la hiérarchie judiciaire, la Cour peut avoir à arbitrer des litiges électoraux, y compris, le résultat de la présidentielle du 3 novembre. Donald Trump a affirmé que « la seule manière dont il pourrait perdre l'élection serait qu'elle soit truquée ».

​A cause de la pandémie, beaucoup d’Américains vont voter par correspondance. Entre les réticences de Donald Trump et les problèmes d’organisation liés au Covid-19, ce vote à distance s’annonce compliqué. Au-delà du duel politique, le vote par correspondance fait planer l’incertitude sur les résultats de la présidentielle. Les règles varient en effet d’un Etat à l’autre, dépouiller des votes par correspondance prend du temps et des retards de courrier sont à craindre : le scrutin intervient alors que les services postaux sont en difficulté après des restructurations lancées par leur nouveau patron, Louis DeJoy, un proche de Donald Trump. Selon Rick Hasen, spécialiste du droit des élections et professeur à l'université de Californie à Irvine « le plus probable, c'est que le nom du président ne soit connu qu’une semaine après les élections.Et, en cas de défaite, Trump dénoncerait des fraudes ».


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ELECTIONS SENATORIALES ET RECOMPOSITION POLITIQUE

 

 

Près de la moitié des sièges du Sénat, 172 sur 348, étaient à pourvoir dimanche 27 septembre dans 58 départements de métropole, en Guyane et dans quatre collectivités d'outre-mer. Quelque 87 000 grands électeurs étaient appelés à voter, dont 95% sont issus des conseils municipaux. Selon les premières projections – car il faut attendre le 5 octobre pour savoir où certains élus décideront de siéger -, le groupe Les Républicains conserve et même consolide sa première place au Sénat où la droite est majoritaire depuis 2014, avec le renfort du groupe Union centriste. Les Républicains qui remettaient en jeu 76 sièges sur les 144 qu'ils détenaient regroupent désormais 152 sénateurs, tandis que les Centristes sont passés de 51 à 55 sièges. L’ancien président du groupeLes Républicains, Bruno Retailleau, réélu avec 70,8 % des voix en Vendée, a été reconduit le 1er octobre dans ses fonctions de président du groupe.

Les socialistes demeurent le deuxième contingent du Sénat, mais n’ont plus que 65 élus contre 71 sortants. Les résultats d'Europe Écologie Les verts dans plusieurs grandes villes au second tour des municipales lui offre six sièges dans le Rhône, le Bas-Rhin, les Bouches-du-Rhône, en Ille-et-Vilaine et en Gironde. Avec leurs 5 alliés ex-socialistes ou ex-EELV, les écologistes ont puformer un groupe dont le président, Guillaume Gontard est un nouvel élu venu de l’Isère. Après les européennes en 2019 et les municipales en 2020, les sénatoriales sont le troisième scrutin où Europe Écologie Les Verts bénéficie d’une bonne dynamique politique. 

Le groupe La République en Marche, faiblement représentée au Sénat, a perdu quatre sièges sur 23. Les deux membres du gouvernement en lice, Sébastien Lecornu dans l'Eure et Jean-Baptiste Lemoyne dans l'Yonne, ont été élus et son président François Patriat, a été réélu de justesse en Côte-d’Or. Ce recul du parti présidentiel signe selon le sénateur socialiste du Val-d’Oise Rachid Témal « l’échec de l’implantation territoriale de La République en marche et un nouvel échec pour la politique du gouvernement ». Peu concerné par le renouvellement (3 sur 16 sénateurs), le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste à majorité communiste « se renforce », avec des sièges confirmés dans les Côtes-d'Armor et en Seine-Maritime, et de nouveaux élus dans les Bouches-du-Rhône et en Dordogne. Quant au Rassemblement National, son unique représentant conserve son siège en rassemblant au-delà de sa formation.

Réélu le 1er octobre pour un quatrième mandat, le Président du Sénat, Gérard Larcher, a affirmé au soir de l’élection que la chambre haute sera « un contre-pouvoir exigeant, participant à un rééquilibrage des pouvoirs au profit des collectivités ».


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