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Gilets jaunes, syndicats et intellectuels 


Samedi 16 mars 2019, l’acte XVIII, lors de la manifestation des Gilets jaunes, la capitale a été le théâtre de violences spectaculaires. Destructions et pillages sur l’avenue des Champs-Élysées et heurts violents avec la police ont amené l’exécutif à reconnaitre que des « dysfonctionnements » du dispositif de sécurité ont eu lieu. 

A l'Assemblée nationale le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a été hué par des députés d'opposition qui ont réclamé sa démission. Il a ensuite du répondre à la commission des lois du Sénat, à majorité de droite, aux côtés de son secrétaire d'État Laurent Nuñez pour s’expliquer sur les défaillances dans les opérations de maintien de l’ordre. 

Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé lundi vouloir « renforcer la fermeté » de la « doctrine de maintien de l’ordre » du gouvernement par de nouvelles mesures qui viendraient compléter celles prévues par la loi « anticasseurs ». L’interdiction de manifestations dans certains lieux géographiques tel que l’avenue des Champs-Élysées, la hausse des contraventions pour attroupement et de nouvelles directives sur l’usage du Lanceur de Balle de Défense (LBD) en sont une illustration. Les militaires de la mission Sentinelle ont été mobilisés pour l’acte XIX de la manifestation des gilets jaunes. 

Le gouvernement a dénoncé des « consignes inappropriées », données à la préfecture de police de Paris, sur l’usage du LBD ou sur les méthodes d’intervention, consignes qui auraient été données sans en avertir le ministre de l’intérieur. Le préfet de police, son directeur de cabinet et le directeur de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne ont été limogés lundi. Didier Lallement a été nommé à la tête de la préfecture de police, lors du conseil des ministres du mercredi 20 mars.

A côté de la recherche de solutions policières, Emmanuel Macron a invité lundi soir une soixantaine de chercheurs et d’essayistes à venir s’exprimer à l’Élysée soulignant ainsi le rôle central des « intellectuels » face à une société en crise. 

Parallèlement à cela, suite à l’appel de plusieurs syndicats, dont la CGT et Force ouvrière, plus de 100.000 de personnes ont manifesté, mardi 19 mars, pour réclamer plus de pouvoir d'achat et défendre les services publics. Alors même que les réunions locales du grand débat national se sont clôturées, et après plus de quatre mois de manifestations des gilets jaunes, les syndicats semblent se remobiliser pour faire entendre les revendications des Français qui demeurent majoritairement centrées sur la fiscalité.


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La Chine : sa stratégie commerciale et diplomatique


Xi Jinping, le président chinois, est en visite en Europe du 21 au 26 mars où il se rendra en Italie, puis à Monaco et en France où il est accueilli par Emmanuel Macron ce dimanche, à Nice.

A Rome, Xi Jinping a signé ce vendredi 22 mars avec le gouvernement italien un protocole d’accord qui fera de l’Italie le premier pays du G7 à endosser la stratégie chinoise du « Belt and Road Initiative » (BRI). Ce grand programme de prêts chinois mis en place depuis 2013 est destiné à financer, partout dans le monde, la construction de ports, de voies de chemin de fer ou de nouvelles routes commerciales, de nouvelles routes de la soie. Dans cette Europe divisée, le régime chinois utilise par ailleurs depuis 2012 le format dit « 16+1 » réunissant la Chine et 16 pays d'Europe centrale et orientale pour coopérer sur ces nouvelles routes de la soie. Ce groupe de pays se réunira à Dubrovnik (Croatie) le 16 avril prochain.

A Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement européens se saisissent de la question chinoise. Emmanuel Macron avait estimé la semaine dernière que les Européens devaient avoir « une approche coordonnée » face à la Chine. Le Parlement européen a voté jeudi 14 mars un règlement qui prévoit d'organiser une meilleure surveillance des investissements étrangers dans l'Union européenne tandis que la commission européenne a proposé un document contenant dix plans d’action pour se défendre face à « la puissance économique et à l’influence politique croissantes » de Pékin. La Chine est, en effet, une figure de proue dans le secteur de l’innovation. Selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) qui a publié lundi son rapport annuel, en 2018, l’Asie a généré à elle seule, plus de la moitié des demandes internationales de dépôt de brevet. Par ailleurs, alors que le groupe de téléphonie chinois Huawei est devenu un acteur majeur dans le développement de la 5G, les pays occidentaux s’inquiètent que ces infrastructures puissent servir Pékin en favorisant l’espionnage et le sabotage. La situation des pays européens est d’autant plus compliquée que Donald Trump a fait de l’affaire Huawei un levier de négociation dans la guerre commerciale qu’il livre à la Chine.


Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr