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LA GRANDE GRÈVE 

 

​806 000 manifestants dans toute la France selon le ministère de l’Intérieur, 1,5 million selon la CGT. A Paris, Rennes, Marseille, Toulouse, Bordeaux ou Lille, la mobilisation du 5 décembre contre la réforme des retraites a été très importante. Le secrétaire national du Parti Communiste Fabien Roussel note une mobilisation « dans toutes les provinces de France, mais particulièrement exceptionnelledans les petites communes et les villes moyennes, beaucoup plus en tout cas qu’en 1995 ».Cheminots, policiers, avocats, enseignants, pompiers, routiers, personnels hospitaliers, étudiants, retraités étaient dans les cortèges. 90% de TGV et 80% de TER ont été annulés, les métros et bus bloqués.

51,15% des enseignants du primaire et 42,32% du secondaire étaient en grève, selon le ministère de l’Éducation, tandis que les syndicats, qui parlent de record historique font état de 70% des enseignants du primaire et 75% dans les collèges et lycées.

Au départ circonscrit à la seule annonce par les syndicats de la SNCF de leur grève reconductible, le mouvement a été rejoint par nombre de syndicats et de partis politiques, des Insoumis au Rassemblement national, à l’exception du parti présidentiel. Une mobilisation que 68% des Français estiment « justifiée », selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour Le Figaro et France info. Fin octobre, 57% des sondés se déclaraient opposés au mouvement.

Pour Philippe Askenazy, professeur d’économie à l’Ecole normale supérieure-Ecole d’économie de Paris et chercheur au CNRS-Centre Maurice-Halbwachs, « le gouvernement semble avoir tout fait pour entretenir le flou sur le contenu final de la réforme et sur ses intentions, ajoutant même des déclarations contradictoires sur la ‘’clause du grand-père’’, un paramètre parmi une infinité d’autres inconnus à ce jour ».

Plusieurs mouvements de grève ont été reconduits. A la RATP, il doit durer jusqu’à lundi. Le Premier ministre devrait communiquer l’architecture de la réforme en milieu de semaine prochaine. « La très grande diversité des régimes actuels, des 42 régimes de retraite actuels, ne peut pas perdurer » a rappelé vendredi Édouard Philippe. Une rencontre doit avoir lieu lundi avec l'ensemble des organisations syndicales et patronales pour « clôturer le cycle de négociations sociales et de débats avec les Français ».


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UNE COP CHASSE L’AUTRE

  

La Conférence des Nations unies sur les changements climatique, COP 25 (pour « conference of parties ») qui se tient du 2 au 13 décembre à Madrid - sous la présidence du Chili, qui a dû renoncer à accueillir l’événement en raison de la crise politique en cours – est la réunion des pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, adoptée en 1992. A l’occasion de cette 25e édition, des décisions devraient être prises sur au moins trois sujets : les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui doivent être revus à la hausse, l’aide aux pays les plus vulnérables, et l’encadrement des « marchés carbone ».

​En 2015, faisant suite à la COP 21, l'accord de Paris, approuvé par 195 délégations, convenait de tout mettre en œuvre afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-delà des températures préindustrielles. Toutefois, la somme des contributions volontaires pour réduire les émissions domestiques à effet de serre annoncées par l’ensemble des pays ne permettait pas de contenir le réchauffement planétaire sous la barre des 3°C. En outre, si pour certains Étatsl’accord est contraignant, pour d’autres, il n’en est rien, puisque le traité ne prévoit aucune sanction en cas de non-respect des engagements.

Quatre ans plus tard, dans un compte-rendu sur le climat publié en septembre, l’ONU évoquait « une décennie perdue ». Dans son dixième rapport annuel publié le 26 novembre dernier, l’Organisation internationale rappelaitque « le niveau actuel d’émissions de gaz à effet de serre est quasiment le même que ce que [nos rapports] prévoyaient pour 2020 si aucune politique n’était mise en place ». Fin novembre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) annonçait, quant à elle, que la présence des gaz à effet de serre dans l’atmosphère avait battu de nouveaux records en 2018. 

A priori, cette COP 25, ne devrait pas être l’occasion de grandes décisions. Elle devrait lancer la dynamique vers celle de Glasgow en Ecosse, l’an prochain. Très attendue, la COP 26 sera le premier grand rendez-vous dans le cycle onusien depuis la signature des accords de Paris : les États volontaires y seront appelés à présenter de nouvelles « contributions nationales », plus ambitieuses. Pour l’instant, seuls 68 pays essentiellement des pays en développement (Chili, Mexique, Argentine, Fidji, îles Marshall, notamment) sur les 197 membres de la Convention cadre des Nations unies s’y sont engagés. Aucun des principaux pollueurs (Chine, États-Unis, Inde, Canada, Australie, Brésil), à l’exception de l’Afrique du Sud, n’a encore montré qu’il était prêt à s’engager davantage dans la bataille pour du climat.


Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr