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Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l’Arrière-boutique le 25 février 2022.


Avec cette semaine :

  • Nicolas Baverez, essayiste et avocat.
  • David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po.
  • Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l’Intérieur.
  • Lucile Schmid, membre du comité de rédaction de la revue Esprit.


LA GUERRE EN UKRAINE

 

Le président russe a annoncé jeudi qu’il lançait « une opération militaire spéciale » en Ukraine, invoquant « l'appel à l'aide » que lui auraient envoyé les séparatistes du Donbass. Des blindés russes ont aussitôt franchi la frontière qui sépare les deux pays tandis que des frappes aériennes ont été lancées dans toute l’Ukraine. Les premières cibles ont été les aéroports et des aérodromes militaires. D'autres bâtiments, militaires et civils, ont été détruits, comme la tour de télévision de Loutsk, ou des bases militaires. Les combats les plus durs se déroulaient jeudi dans la province orientale du Donbass. Vladimir Poutine a déclaré lundi l'indépendance des Républiques séparatistes de Donetsk et de Louhansk. Tout en le niant, l’armée russe est déjà intervenue dans cette région en 2014 et en 2015 et le conflit a fait 14.000 morts. En 2014, l’Ukraine avait également perdu la péninsule de Crimée, annexée par Moscou. Le Kremlin réclame désormais notamment que Kiev reconnaisse la Crimée comme appartenant à la Russie, que l’Ukraine ne rejoigne pas l’Otan et qu’elle déclare sa neutralité ainsi que sa« démilitarisation ».

Jeudi, le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a dénoncé l'attaque, qualifiée de « guerre d'agression », et appelé le monde à « arrêter Poutine ». Dans une brève allocution à la nation, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a proclamé la loi martiale dans tout le pays et appelé les Ukrainiens à rester chez eux et à garder leur calme. Les États-Unis, l'Otan, l'Union européenne, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, le Japon, la Finlande, la Suède ont condamné l'attaque. Les États-Unis, qui ont promis leur soutien à l'Ukraine, déposeront d'ailleurs un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la Russie pour sa « guerre » en Ukraine. La Russie y dispose d’un droit de veto. Différents rendez-vous se sont déroulés jeudi, sur la scène internationale, afin de permettre à l'Occident de se coordonner et de déterminer quelles réponses apporter à cette invasion de l'Ukraine. 

L'historien et théologien Jean-François Colosimo observe dans le Figaro que « Poutine sait que ni l'Amérique ni l'Europe ne sacrifieront un soldat dans ce conflit. Le prix sera de nouvelles sanctions économiques dont il s'est débrouillé jusque-là ». Poutine - déjà soumis à des sanctions internationales depuis 2014 et l'annexion de la Crimée - a « autonomisé » son pays vis-à-vis du reste du monde : les réserves de la banque centrale russe sont au plus haut, son stock d’or a été multiplié par cinq et la Russie a développé un système alternatif à SWIFT (paiements internationaux sécurisés).

En Russie, la responsabilité dans la montée des tensions est clairement attribuée à l'extérieur. Mi-janvier, alors que la confrontation avec l'Ouest était déjà engagée, 50 % des sondés russes en tenaient les États-Unis et l'OTAN pour responsables, 16 % l'Ukraine elle-même et 4 % la Russie. Selon un sondage publié le 23 février par CNN, 50% des Russes estiment que Poutine a raison d’utiliser la force pour « empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Otan » contre 25% qui pensent le contraire et 25% qui ne se prononcent pas.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr