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La lettre d’Emmanuel Macron aux français et le Grand débat national

Lundi dernier, paraissait dans la presse et les réseaux sociaux, la lettre adressée aux Français par Emmanuel Macron. Elle contient 34 questions, lance et cadre le « Grand débat national », officiellement inauguré le mardi suivant lors d’un déplacement du président de la République à Grand Bourgtheroulde, commune du département de l’Eure. Emmanuel Macron a répondu, près de sept heures durant, aux nombreuses interrogations des maires réunis pour l’occasion. Des cahiers de doléances avaient été remis la veille à l’Élysée par l’association des maires ruraux, permettant au Président de prendre connaissance des principales demandes exprimées à ce jour par les Français. Des préoccupations récurrentes en ressortent, telles que la limitation de vitesse à 80km/h, une demande de réorganisation politique et territoriale avec le maintien des services de proximité, une soif de justice fiscale … Ce sont ces mêmes thématiques qui ont ressurgi lors de la rencontre avec les maires normands. 

Cet exercice inédit de questions-réponses a pour but de ressouder le lien entre le président de la République et les maires, lien qui avait été entaché dès le début de son quinquennat par la réforme de la taxe d’habitation. Les maires, pourtant déçus par l’absence du Président à leur dernier congrès annuel, se sont néanmoins montrés courtois et satisfaits de cette journée avec le Président. 

De son côté, Emmanuelle Wargon, la secrétaire d’État chargée de coanimer le grand débat national avec Sébastien Lecornu, a reçu mardi des gilets jaunes de la commune de Brionne dans l’Eure. Les échanges ont été plus mouvementés et les interlocuteurs de la ministre ont exprimé des réticences à participer au grand débat national. La nomination d’Emmanuelle Wargon et de Sébastien Lecornu faisait suite à la démission de Chantal Jouanno la semaine précédente. Le choix de deux membres du gouvernement a jeté le doute sur l’indépendance des conducteurs du grand débat national. Pour répondre à cela, un collège de cinq garants a été désigné. 

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Brexit : commencement de la fin ou fin du commencement ? 

Le 15 janvier dernier, la Chambre des Communes a massivement rejeté l’accord de sortie du Royaume Uni de l’Union européenne que Theresa May avait difficilement négocié depuis plus de deux ans. Ce sont 432 membres qui s’y sont opposés sur une totalité de 650 membres soit seulement 202 voix pour soutenir la Première ministre britannique. Parmi les points clivants de l’accord, la question du « filet de sécurité », le « backstop », a attisé les tensions. Il désigne le moyen de conserver la frontière irlandaise ouverte de façon temporaire, maintenant ainsi les nord-Irlandais ainsi que l’ensemble du Royaume Uni dans l’union douanière pour une durée non déterminée. L’Irlande du Nord resterait donc assujettie à certaines règles du marché commun sans pour autant que soit réglée la question de sa frontière avec le sud. 

Depuis mercredi, bien que le Parlement ait rejeté de justesse la motion de censure lancée contre Theresa May par l’opposition travailliste, la situation face à laquelle se trouve la Première ministre britannique est toujours délicate. Elle ne dispose que d’un faible soutien - les députés ayant été 325 contre 306 à exprimer leur confiance dans son gouvernement - et va donc devoir faire des concessions si elle ne veut pas d’un Brexit sans accord : un « no deal ». L’Union européenne se prépare à cette éventualité comme l’a souligné Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne. De son côté, la France a déclenché jeudi son plan pour faire face à un possible Brexit sans accord. Il s’agit d’un ensemble de mesures législatives et juridiques visant notamment à protéger les intérêts des Français résidant au Royaume-Uni, de garantir un statut pour les citoyens britanniques en France ou encore de prévoir les mesures en vue du rétablissement des contrôles des marchandises aux frontières. Cinq ordonnances seront adoptées dans les trois semaines qui viennent auxquelles s’ajoutent 50 millions d’euros investis dans les ports et les aéroports. 

Ce même jour, dans une lettre publiée par le quotidien britannique, The Times, plus de 170 patrons du Royaume-Uni ont appelés à un nouveau référendum alors même que le parti conservateur au pouvoir et le parti travailliste, principal parti d’opposition mené par Jeremy Corbyn, rejettent pour le moment l’idée d’un nouveau vote. 

Theresa May a jusqu’à demain, lundi 21 janvier, pour présenter son plan B devant la Chambre des Communes. Il sera soumis au vote du parlement le 29 janvier.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr