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LA MACRONIE BAT LA CAMPAGNE

Depuis quelques jours, la macronie multiplie les bévues. Florilège : le Conseil d’Etat a étrillé le fin janvier les textes sur les retraites avant de retoquer la circulaire Castaner sur l’étiquetage politique aux municipales. Le président de la République a posé avec un t-shirt contre les violences policières, provoquant la colère des syndicats policiers.  

Dans l’avion qui le ramenait le 23 janvier de Jérusalem, Emmanuel Macron a évoqué sa politique mémorielle, affirmant que la guerre d’Algérie pourrait avoir « à peu près le même statut que celui qu’avait la Shoah pour Chirac en 1995 ». Les réactions indignées ne se sont pas fait attendre et le président a procédé à un rétropédalage, niant avoir fait une équivalence mais seulement un parallèle dans le cadre d’une réflexion sur « les sujets mémoriels dans leur ensemble qui « disent quelque chose de ce que vous voulez faire de votre pays et de votre géopolitique ».

Pour avoir insulté l’islam sur son compte Instagram, une lycéenne de 16 ans, Mila est menacée de mort, de viol et d’égorgement. « L’insulte à la religion, c’est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave » a déclaré la garde des Sceaux, Nicole Belloubet. Or, le délit de blasphème n’existe pas en France. La jurisprudence constante dans l’Hexagone et à la Cour européenne des droits de l’homme fait une distinction : insulter une religion est admis ; insulter les croyants non.

Le rejet, jeudi 30 janvier par la majorité La République En Marche, à l’Assemblée, d’une proposition de loi du groupe UDI-Agir qui visait à instaurer un congé de deuil de douze jours plutôt que cinq pour le décès d’un enfant, a provoqué un tollé dans les rangs de l’opposition et une vive agitation dans la majorité. C’est finalement l’Elysée qui est intervenu en faisant fuiter qu’Emmanuel Macron avait demandé au gouvernement « de faire preuve d’humanité ».

Depuis le début du quinquennat, près d’une vingtaine de députés ont rompu avec le groupe En marche à l’Assemblée.


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L’ORIENT DE L’EUROPE

  

L’historien britannique Ian Kershaw s’inquiète de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, à l’heure où « la montée d’un national populisme dans tous les pays membres menace les fondements de la démocratie ». Il déplore « le retour de certaines formes de nationalisme, de xénophobie, de racisme et de tentations protectionnistes qui vont à l’encontre du projet européen tel qu’il s’est construit après la seconde guerre mondiale ».

Le 16 janvier, le Parlement européen a voté, à une large majorité, une résolution dénonçant la détérioration de l’état de droit en Pologne et en Hongrie. Le lendemain, le président polonais, Andrzej Duda, candidat, en mai, au nom du parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir a lancé : « Ils ne vont pas nous dicter ici, en langues étrangères, quel régime nous devons avoir en Pologne et comment doivent être conduites les affaires polonaises ».

En visite en Pologne les 3 et 4 février, le Président Macron a laissé de côtéles sujets de discorde entre les deux pays : travailleurs détachés, Otan, état de droit, Russie…, pour effectuer un rapprochement après des années de tensions.La France a besoin de la Pologne alors que le moteur franco-allemand est affaibli et que le Brexit a privé la France d’un partenaire géopolitique et militaire important. Le départ de l’allié britannique et l’éloignement des États-Unis forcent aussi la Pologne à revoir son approche et à considérer la France, rempart de l’islamisme en Afrique, comme un facteur clé de sécurité.

La Hongrie de Viktor Orban a dû répondre de graves entorses à l’état de droit, notamment d’entraves à la liberté de la presse et à l’indépendance de la justice. Après la suspension de son parti le Fidesz par le Parti populaire européen le Premier ministre hongrois a fait mine de quitter de lui-même cette formation, avant de préférer multiplier les contacts pour éviter l’isolement et trouver, peut-être, une autre famille européenne. Il sait que la transformation de la suspension du Fidesz en exclusion est bloquée par les droites françaises, espagnoles, italiennes, slovènes et par les conservateurs de la CSU bavaroise. Il se garde de provoquer l’Union européenne dont les fonds de cohésion lui sont indispensables. Il s’affiche avec Matteo Salvini, Giorgia Meloni du mouvement souverainiste et anti-immigration Fratelli d’Italia et Marion Maréchal. En politique étrangère, il renforce ses liens avec la Chine, la Russie et Boris Johnson.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr