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Laïcité, que de cris on émet en ton nom !


Selon une enquête ViaVoice pour l’Observatoire de la laïcité réalisé en novembre 2018, trois sondés sur quatre se déclaraient attachés à ce principe. Les deux tiers (69%) des personnes interrogées jugent que la laïcité est « un principe républicain essentiel » et quatre sur cinq (79%) qu’elle n’est « ni de droite ni de gauche ».

Mais on note des disparités entre catégories de la population. « Les personnes les plus aisées (cadres, CSP+) ou plus âgées (retraités) sont à la fois les mieux informées et les plus attachées à la laïcité ».

     Les réponses divergent, de même, assez largement en fonction de la religion des répondants. 72% des protestants et 60% des catholiques considèrent que la laïcité, du moins dans ses principes juridiques, protège les pratiquants des différentes religions, tandis que moins d’un musulman sur deux (45%) en est convaincu.

Interrogés sur l’avenir, le sondés sont 57% à juger que « la montée des intolérances entre les différentes communautés religieuses » constitue la principale difficulté à laquelle sera confrontée la laïcité en France. Arrivent ensuite, pour 44% les « crispations engendrées par le port de signes visibles de certaines religions ».

​Ces crispations sont anciennes : l’affaire du foulard de Creil en 1989, la première polémique sur les parents accompagnateurs des activités périscolaires en 2006, l’affaire de la crèche Baby-Loup en 2008, la polémique sur le port du voile dans les universités en 2013, à celle sur le burkini à l’été 2016,  celle sur le voile pour courir de Décathlon en janvier 2019, ou celle de l’affiche de la Fédération des conseils de parents d’élèves en septembre dernier et, récemment, la pprise à partie d’une femme voilée dans le public du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté par le député du Rassemblement national Julien Odoul.

Dans cette dernière affaire, la macronie a fait entendre des voix dissonantes. Pour le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, ce que le voile islamique « dit de la condition féminine n’est pas conforme à nos valeurs », et il « n’est pas souhaitable dans notre société » Le député du Val d’Oise, Aurélien Taché, porte-drapeau de l’aile gauche de la majorité charge le ministre insinue que le ministre fait le jeu du Rassemblement national. Le Premier ministre tente de calmer le jeu en déclarant que « l’accompagnant scolaire est un collaborateur occasionnel du service public. Dans le droit actuel, il n’est pas tenu au principe de neutralité. » Sans ligne directrice sur la laïcité, la majorité se divise espère une prise de parole du président. Mais celle-ci se fait attendre.


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Blocage en Israël


Les élections du 17 septembre dernier ont confirmé la situation de blocage en Israël. Comme lors des élections du 9 avril dernier, le parti de droite nationaliste du Premier Ministre Benyamin Netanyahou, le Likoud, a fait jeu égal avec l'alliance centriste Bleu et Blanc de l'ancien général Benny Gantz. Ces résultats ont clos une campagne tendue, marquée par un fort usage par le Likoud de fausses informations et de tentatives de pressions visant à décourager le vote de l'électorat arabe qui lui est traditionnellement hostile. 

Chargé de former un gouvernement par le Président Reuven Rivlin, Benyamin Netanyahou a annoncé avoir échoué le 21 octobre, faisant porter à àBenny Gantz la responsabilité de cet échec. Les analystes politiques ne donnent pas à l’ex-général davantage de chances de réussir à former un gouvernement qu’a Premeirministre sortant. Netanyahou pouvait compter sur deux partis ultra-orthodoxes (Shaset Judaïsme Unifié de la Torah), tandis que Benny Gantz a reçu le soutien de la gauche et de Liste unifiée, arabe, qui a réalisé un score historique, la plaçant à la 3ème place. Il s’agit toutefois d’un soutien sans participation. 

Seul parti refusant d'appuyer un des deux blocs, le parti laïc d'extrême droite Israel Beytenou d'Avigdor Liberman, ancien proche de Netayahou, se pose en faiseur de roi. Liberman refuse jusqu'ici d'appuyer le bloc de droite de Netanyahou du fait du soutien des ultra-orthodoxes ainsi que le bloc centriste de Benny Gantz du fait de l'appui reçu par la liste arabe.

En cas d'échec de Benny Gantz à former un gouvernement minoritaire (cas improbable dans lequel Liberman accepterait de ne pas voter contre l'investiture de Gantz), un gouvernement d'union nationale entre les deux principaux partis pourrait être présenté à la Knesset. Pour le moment, cette solution a été refusée par Netanyahou qui refuse de lâcher ses alliés ultra-orthodoxes et par Gantz car elle permettrait à Netanyahou de rester au pouvoir, ce que le dirigeant Bleu et blanc refuse du fait des accusations qui pèsent sur le Premier ministre sortant. Dans ces affaires de corruption, Netanyahou pourrait être inculpé d'ici au 15 décembre. Face aux risques de renversement par les instances du parti inquiètes que les affaires judiciaires de leur chef ne rejaillissent sur le Likoud, Netanyahou s'est employé ces dernières semaines à museler toute rébellion dans les rangs du parti, jusqu'ici avec succès. En cas d'impasse,de nouvelles élections pourraient avoir lieu en mars 2020, les 3èmes en moins d'unan.


Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr