Description

L’ALLEMAGNE, 30 ANS APRES LA CHUTE DU MUR 

 


Il y a 30 ans s’ouvrait, puis s’effondrait le mur érigé par le gouvernement d’Allemagne de l’est en août 1961 entre le secteur soviétique de Berlin et les secteurs américain, anglais et français. Moins d’un an plus tard le parlement est-allemand votait l’adhésion de la RDA à la loi fondamentale de la RFA et en fixait unilatéralement l’effectivité au 3 octobre 1990, sans attendre que les nombreux débats sur les modalités de la réunification aient trouvé leur conclusion. Premier actede l’unification, la décision d’échanger à parité mark de l’est et mark de l’ouest a notamment entrainé une revalorisation des salaires dans des industries d’État à la main d’œuvre pléthorique dont la compétitivité s’est effondrée. 14.000 entreprises et coopératives d’État représentant 80% de l’économie est-allemande ont été privatisées.

En 1990 le PIB par Allemand de l’ouest était 66% plus élevé que celui de son compatriote de l’ancienne RDA. En 2018, cette différence n’était plus que de 21% Malgré ce rattrapage, malgré un chômage bas (6% des actifs), malgré le sentiment exprimés par 70 % des habitants des Länder de l’est d’être des gagnants de la réunification, c’est dans ces anciennes régions industrielles que le score du parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (l’AfD) est le plus élevé, deux fois plus que dans les Länder de l'Ouest.

Angela Merkel s'est exprimée hier le long de l'ancien tracé du mur de Berlin, aux cotés dirigeants d'anciens pays communistes d'Europe de l'Est. Au pouvoir depuis 2005, la chancelière allemande, dont le mandat prendra fin en 2021 a contribué à maintenir l'Allemagne à une place importante en Europe. Au plan diplomatique, ses différents mandats ont été marqués par une dégradation des relations avec la Russie, notamment du fait de l'annexion de la Crimée en 2014 et avec les États-Unis en raison de la guerre commerciale menée par Donald Trump. En 2018, l'Allemagne présentait un excédent commercial de 7 %, proche des records mondiaux. Aujourd’hui, le pays souffre de la détérioration du climat économique mondial, causé par la guerre commerciale États-Unis-Chine, au point d'être en passe de tomber en récession. 

      Si l'Union Européenne, en intégrant de nombreux pays d'Europe de l'Est a contribué à réduire les inégalités avec l'Europe occidentale au travers d'importants transferts financiers, l'ancien rideau de fer délimite toujours deux zones dans lesquels les droits démocratiques ne sont pas respectés équitablement. Chantre des démocraties illibérales, les pays d'Europe de l'Est connaissent un faible taux de naissances et une forte émigration vers l'Europe Occidentale. 

       « Allemagne de l’Est, histoire d’une annexion » : ce titre du « Monde diplomatique » a été salué par Jean-Luc Mélenchon qui juge qu’annexion est : « Enfin le mot juste pour nommer ce qui s’est passé il y a trente ans. Une violence qui n’en finit plus de se payer. » Daniel Cohn-Bendit rétorque que « Le débat a été tranché par le vote des gens en Allemagne de l’Est. Ils ont voté à majorité CDU, c’est la démocratie »« Dire ‘annexion’, c’est aujourd’hui reprendre ‘radio nostalgie Allemagne de l’Est’. C’est reprendre ce que dit l’AfD en Allemagne de l’Est, c’est-à-dire l’extrême-droite »


Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr