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L’Arabie Soudite bombardée


Samedi 14 septembre, des bombardements revendiqués par les rebelles yéménites Houtis ont frappé des raffineries pétrolières saoudiennes, atteignant un régime dont 90 % des recettes proviennent de l'extraction de pétrole et qui a dû réduire temporairement sa production de moitié. L’incertitude plane sur leur point de lancement qui pourrait se trouver en Iran. Quoi qu’il en soit, la précision de ces frappes à longue portée laisse supposer l’aide d’un État tiers et, du fait du soutien affiché de Téhéran aux Houtis, Donald Trump et Riyad en ont accusé l'Iran.

L'Arabie Saoudite est engagée depuis 2015 dans une guerre au Yémen où elle est à la tête d'une coalition militaire soutenant le régime en place pro Riyad. Dans ce pays en guerre civile où 14 millions de personnes sont en situation de préfamine, les Houtis contrôlent de vastes zones de l'ouest et du nord du pays dont la capitale Sanaa. Isolée sur la scène internationale, l'Arabie Saoudite s'est enlisée dans cette guerre. Combattant officiellement les Houtis aux côtés de l'armée saoudienne, les Émirats Arabes Unis sont accusés de soutenir les rebelles pour faciliter une dislocation du Yémen qui leur serait favorable.

Le Président iranien Hassan Rohani a affirmé comprendre le bombardement des Houtis, et déclaré que les yéménites ne faisaient que se défendre contre les attaques Saoudiennes sans pour autant admettre en être à l'origine.

Ces événements s'inscrivent dans un climat de tension élevé entre l’Iran chiite et l’Arabie saoudite sunnite. Depuis la sortie des États Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et la reprise des sanctions économiques, les relations entre Téhéran et Washington n'ont fait que se détériorer, jusqu'à la crise du détroit d'Ormuz cet été, lorsque les États Unis ont accusé l'Iran d'avoir attaqué des pétroliers avant que l'Iran ne détruise des drones américains qu'elle a accusés d'avoir violé son espace aérien. Du côté de l'Arabie Saoudite, l'affaire Khashoggi l'a isolé diplomatiquement à l'automne dernier.


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Hong Kong dans l’attente


Hong Kong est toujours sous tension après plusieurs mois de manifestations tantôt pacifiques marquées par des affrontements avec la police. Initiées à la suite d'un projet de loi défendues par la dirigeante Carrie Lam visant à permettre des extraditions vers Pékin, les manifestations se sont poursuivies même après le retrait définitif mais tardif du projet de loi le 4 septembre dernier. Les manifestants, dont une majorité de jeunes, réclament un système plus démocratique tel que prévu par l'accord entre Pékin et Londres. Officiellement, Pékin s'est engagé à maintenir le statu quo « un pays deux systèmes » qui doit rester en vigueur jusqu'en 2047 pour le centenaire de la rétrocession de la colonie britannique à la Chine. Au-delà des revendications démocratiques, Hong Kong souffre de problèmes liés aux inégalités économiques, notamment le prix du logement (13.000 euros le mètre carré), justifiant en partie le maintien des manifestations.

En août, l'armée chinoise a procédé près de Hong Kong à des exercices militaires très médiatisés afin de faire pression sur la rue et d'afficher sa capacité à intervenir militairement. 30 ans après le massacre de Tiananmen, cette démonstration fait craindre une opération militaire de l'armée chinoise à Hong Kong. Une telle décision apparaîtrait dans la continuité pour Pékin qui n'a jamais cherché à établir un dialogue avec les manifestants. Les Hongkongais ayant bloqué l'aéroport en août ont été qualifié de terroriste par le pouvoir. En 2014, le mouvement des parapluies avait déjà montré l'inflexibilité de Pékin face aux manifestants.

Une intervention militaire de Pékin pourrait servir à neutraliser les tendances antirégime ou prodémocratiques ailleurs en Chine notamment au Xianjiang ou au Tibet, tout en envoyant un message fort alors qu'approchent les 70 ans de la fondation de la République Populaire. Son poids économique ainsi que les réticences du président Trump à condamner les violences policières à Hong Kong amènent à penser que la Chine n'a que peu à craindre de rétorsions internationales en cas d'intervention armée. Cependant, Pékin a à sa disposition de moyens plus modernes pour décourager les manifestations tels que l'usage des réseaux sociaux pour véhiculer de fausses informations discréditant les manifestants ou encore de la reconnaissance faciale des manifestants afin de les cibler.

Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d’analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l’actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr